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Azim [En cours]

 
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Guilhem
archiduc
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Thème: xm-jdr (983)
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MessagePosté le: 20 Oct 20:06    Sujet du message: Azim [En cours] Répondre en citant

L’hiver approchait. Guilhem sentait le vent et la pluie se rafraîchir. Il avait installé, à l’embouchure de sa grotte, une porte faite de fourrures de loups pour garder ses livres à l’abri de l’humidité et du frimas. Son logis était devenu, avec le temps, plus agréable à habiter : une bonne botte de paille, étendue dans un coin sec, lui servait de matelas ; une cheminée, qui débouchait à quelques dizaines de mètres plus haut, jetait dans la grotte une lumière pâle ; une marmite remplie d’une mixture épicée, qui étrangement n’avait jamais cessé de bouillir depuis trois mois malgré l’absence de feu, répandait odeurs légères et une chaleur réconfortante ; et enfin, d’un stalactite, tombait invariablement, chaque jour, quatre-vingt-six mille quatre cents gouttes d’eau (Guilhem les avait comptées durant un temps libre, et se servait maintenant de la constance du phénomène comme horloge). Il avait caché ses livres dans un coffre – ça peut paraître étrange, mais les risques d’incendie de bibliothèque, dans un laboratoire, sont décuplés – et sur ses étagères ne subsistaient plus que des souvenirs de voyages, des sachets d’ingrédients divers et quelques outils.

Un an déjà s’était écoulé depuis son retour d’exil. Et parmi toutes les émotions qui truffaient son jugement d’irréalités et de subjectivité, il avait senti le plus intensément la pire, celle qui était tout mais qui n’était rien : la confusion.
― Sûís-jë çòñdåmñè á ñe jåmáîs säìsîr, pöur ûñ séül mòµèñt, lä döûçé éüþhõrîé dé l'éñthöûsîäsmê õû µéme dü símþlê chägríñ? Se disait-il parfois en regardant, du haut des plateaux, la nuée de montagnes brumeuses et inhabitées du Nord.

La passion qui donnait des sueurs froides et des poussées d’adrénaline, il avait fini par la comprendre, mais pas celle qui faisait agir de manière complètement illogique et désintéressée. L’affection.

L’Affection. Un concept dont il n’avait pas encore pu saisir la substance, autant que la musique qui n’avait jamais réveillé, chez lui, la moindre émotion, le moindre entrain. L’Affection. C’est un mot que se répétait vainement et sans cesse Guilhem, un matin de verglas, alors que la cime des pins s’était couverte de blanche givre. Voilà trois mois qu’il errait sans but dans les terres D’Iksème, restant parfois couché en-dessous des accumulations de feuilles mortes en attendant le jour, en attendant un évènement quelconque, un soupir entre les arbres, un rocher qui tombe des collines, un murmure porté par l’air. Et le matin des mille répétitions, l’ennui s’était fait particulièrement plus puissant qu’auparavant.

― Ne þeut-îl pãs sê pàssêr qüélquê chosé ? cria-t-il dans l’aube.

Un caillou, fatigué de ne pas vivre, lui demanda de se taire. Guilhem le mangea. Mais au moment où l’objet passait dans son œsophage douloureux, Knessir se pointa, accompagné d’un Humain qu’il tenait par la nuque et menaçait avec un javelot de silex.
― Tü tõmbës bíêñ, Gûîlhém, dit-il. J'åí trõüvè cet hömmë dãñs le vêrgèr. Jé ñè säîs päs çòmmeñt îl s'y êst prìs póûr gràvír lës fäläîses. Il ã prêtêñdú té coññãîtrê.
Guilhem, intrigué, dévisagea l’homme. Non. Ce n’était personne. Enfin. Voyons ce qu’il avait à dire.
― Merçi Kñèssîr. Láîssé-lè mòí, jë m'én chärgë. Et s'il ñe se mòñtré pàs çõnváîñcáñt, nóùs lë måñgêrõñs ce søîr.
L’homme devint blanc comme le brouillard, effrayé. Knessir relâcha son emprise sur lui, maugréa sur la sécurité à la Montagne et alla se perdre dans la vallée.
― Inutile de t’enfuir, camarade, avertit Guilhem en langue humaine. N’aie pas de crainte et assied-toi ici, dans l’herbe. Je doute que tu sois venu, seul, pour faire du mal aux Béonides.

Le Béonide difforme observa les vêtements de son invité. Étrange. Ils respiraient l’exotisme. L’homme, après avoir demandé à boire, se délia la langue.
― Je viens tout droit d’Azim.
Le cœur de Guilhem fit un bond. La grande Île d’Azim. Le continent du sud, celui où il était allé chercher, au cours d’une expédition aventureuse et plutôt folle, la mandragore rouge. L’autre, qui avait vu l’expression de son hôte changer subitement, continua.
― La prêtresse Iretchet m’a demandé de vous remettre ça en personne.
Guilhem sentit sa tête tourner. Le monde extérieur lui avait sauté dans le crâne d’un seul coup. Comment avait-il pu penser que son retour sur le continent d’Iksème, aux plaines infinies, lui aurait permis d’oublier qu’au-delà, vivaient autrement des millions de créatures ? Et qu’il avait juré à l’une d’elle de toujours la garder à l’esprit, quoi qu’il arrive ?

Le Béonide prit ce que le messager lui tendait en tremblant de froid ou de peur. C’était une missive. Lourde. Il décolla le sceau et commença à lire.


Dernière édition par Guilhem le 29 Juin 0:53; édité 1 fois
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Guilhem
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MessagePosté le: 17 Juin 6:40    Sujet du message: Répondre en citant

"Cher Guilhem,

Souviens-toi le jour où tu es venu à moi, tombant du ciel comme un épervier foudroyé par un éclair. Ce jour-là, je l'ai constamment revécu; et je revois sans cesse ton regard d'animal agonisant que tu avais quand je t'ai trouvé. À ce moment je n'avais rien vu d'humain dans tes yeux, ni désespoir, ni plainte; que la résignation d'une créature sans idées métaphysiques, la résignation d'une bête qui se prépare à la mort. J'avais alors trouvé plus sauvage et plus violente encore toute cette douleur, et cela m'avait affectée davantage que si tu avais réagi comme le commun; aussi je n'avais pas eu peur de ta souffrance, je m'étais approchée et je t'avais ramené.

Les jours de ta convalescence, nous les passâmes, souviens-toi, sur le bord du quai: tu tentais de deviner, à travers les brumes du Nord, les traits imprécis du continent d'Iksème. Depuis ton départ (il survint brutalement tôt), je m'assieds de temps à autre sur une falaise et j'aperçois Iksème, ses collines, ses fjords, ta Montagne.

Mais je ne sais pas si tu es vivant, je ne sais pas si tu as accompli ta quête, je ne sais pas si tes frères et soeurs béonides ont accepté ton retour. Je t'ai envoyé mon messager, il est l'incarnation de mes yeux, de ma bouche, de ma peau. Je t'en prie, fais-lui connaître ton monde et renvoie-le-moi chargé de morceaux du paysage que tu habites. Je ne veux pas t'oublier, et pour cela, j'ai besoin de pouvoir t'imaginer chez toi, chassant le cerf, étudiant les plantes, lire, gravir les collines.

Je me souviens de ta promesse, et mon affection est tienne. Qu'Atoum te fasse des longs jours.

Au revoir,

Iretchet"
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Guilhem
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MessagePosté le: 23 Juin 23:34    Sujet du message: Répondre en citant

Iretchet. Il avait appris son nom deux semaines après la fin de sa convalescence.

― C'est de l'ancien kémetien. Ça signifie "lait".
C'était à cause de sa chevelure, de couleur opaline, et certainement pas à cause de sa peau, très noire, ou de ses yeux, dont on ne distinguait, la nuit, que la rétine encerclant deux puits béants et obscurs. Peut-être les dents, qui brillaient de contraste dans ce visage cendré quand elle souriait? Non, bien sûr. On donne un nom à des nouveau-nés toujours édentés.

Guilhem, fasciné par cette femme noire à la fois gracieuse et puissante, avait cru voir dans ce corps et cette âme tout ce qui aurait pu résumer Azim, cette grande île au sud d’Iksème.

― Guilhem. C’est de l’ancien ragnarien. Ça signifie « protecteur ».
Ils avaient discuté davantage, devant un plateau de fruits, dans le petit salon d’un palais sur la falaise.
― D’où viens-tu?
Guilhem pointa la mer, dont l’agitation se brisait sur le flanc rocheux, en contrebas.
― Je suis venu chercher de la mandragore rouge (je ne repartirai pas sans cette plante), mais mon navire a été attaqué par des brigands.
― Quand je t’ai trouvé, tu étais pourtant très éloigné de la côte.
― J’ai volé jusqu’à l’intérieur des terres, à partir de l’embarcation.
Iretchet dévisagea le Béonide, incertaine du sens de sa phrase. Fallait-il le prendre au sens propre? Peu importe.
― Pour la mandragore rouge, il va falloir attendre. La forêt dans laquelle on la trouve habituellement, sur les Monts de l’Atas, a été détruite par Oudenet, l’Émir du royaume voisin, qui voulait creuser une mine à cet endroit. La mandragore rouge est devenue trop rare pour qu’on puisse en vendre, même une toute petite quantité.

Le nom d’Oudenet n’avait pas éveillé la curiosité de Guilhem. Seulement, cette nouvelle le laissa perplexe. Mieux : Une sourde déception lui passa sur le front comme une sueur. Il avait cru, avant de partir, que tout serait plus facile une fois la mer traversée. Iretchet le rassura.
― Ne t’en fais pas. Comme cette plante est populaire au-delà du désert du sud, nous en avons créé une petite plantation. Dans quelques mois, nous en récolterons à nouveau et le commerce reprendra.

En attendant, que ferait Guilhem? Il arrivait à Azim sans le sou, n’ayant conservé que l’épée que N’Rike lui avait forgée avant son départ, une vieille tunique bleu-gris et sa besace vide. Il n’avait même pas de quoi payer le voyage du retour, en admettant que le port de cette petite cité côtière veuille affréter un nouveau navire formé d’un équipage aussi suicidaire que celui qui l’avait amené. Iretchet comprit son malaise.
― Que faisais-tu, à Iksème?
― Je suis alchimiste.
La jeune femme fit la moue. Il y avait déjà suffisamment d’alchimistes, d’apothicaires et de médecins dans la ville. Et parmi les meilleurs. Les alchimistes iksémiens n’étaient par ailleurs pas vraiment réputés.
― Tu sais faire autre chose, dis-moi?
― Non.
Iretchet ne pouvait rien faire pour lui. Elle lui remit son épée et s’apprêta à lui donner son congé. Mais alors qu’elle tenait encore le fourreau de l’arme de Guilhem, la lame glissa et sortit de quelques centimètres.
― Une lame de cristal? s’exclama Iretchet, qui n’avait jamais rien vu de tel venant d’un barbare du continent du nord.
― Une épée forgée dans les flammes d’un volcan, les seules assez chaudes pour mélanger cet alliage secret. C’est une lame qui attrape les autres lames au vol, qui les fait se briser en éclats de métal. Et elle est mue par un bon bras.
La prêtresse d’Atoum sut immédiatement comment Guilhem pourrait gagner sa vie en attendant les récoltes de mandragore rouge.
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Guilhem
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MessagePosté le: 25 Juin 19:52    Sujet du message: Répondre en citant

Le lendemain, Guilhem prêtait serment au père d’Iretchet, Khorian, souverain local. Les Iksémiens, s’était dit Iretchet, excellaient bien dans une chose : se battre. Ils étaient toujours en guerre les uns contre les autres. Cela n’était pas si fréquent sur la côte d’Azim, bien que les déserts, eux, fussent plus périlleux à traverser, en raison des tribus de Renards qui y rodaient. Mais depuis quelques années, la tension montait entre les localités : la dynastie au pouvoir depuis trois mille ans avait était tombée face à face avec sa propre incohérence quand la reine avait mis au monde des jumeaux, qui se disputaient maintenant la double-couronne de l’Est et de l’Ouest du royaume. Perdant de la puissance, ces deux princes ne pouvaient plus contrôler leur noblesse, qui avait commencé à jouer du coude. Oudenet était d’ailleurs l’un des plus violents et ambitieux notable du royaume, on l’expliqua assez tôt à Guilhem. L’Émir avait acquis, en trois ans, assez de pouvoir pour concurrencer les deux héritiers à l’influence déclinante. C’était en raison de la menace qu’il représentait et de sa proximité que Kheneta, la ville d’Iretchet, avait commencé à se militariser. Et vu l’état de la garnison, toute nouvelle épée était la bienvenue.
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MessagePosté le: 29 Juin 1:02    Sujet du message: Répondre en citant

Quand Guilhem arriva dans le petit fortin à palissade de bois qui servait de camp d’entraînement aux soldats, la bataille faisait rage. Les soldats de la garnison de Kheneta se bagarraient à coups de javelines, d’épée et de « khepesh » en bois, ce petit cimeterre à la lame recourbée comme un croissant de lune. Une arme factice tomba par hasard dans les mains du Béonide, qui l’examina.
― Leurs armes d’entraînement sont déjà plus élaborées que celles qu’on utilise au combat à la Montagne, se dit-il.
On lui offrit un casque qu’il refusa, remarquant que le couvre-chef n’aurait pas laissé assez de place pour ses oreilles crochues. L’officier recruteur lut la lettre qu’Iretchet avait remise à Guilhem pour en faire l’éloge auprès des généraux. Il pinça ensuite le bras du Béonide pour voir s’il avait du muscle.
― Tu me sembles assez décharné pour un grand guerrier du Nord. Tu ressembles plutôt – ton teint ocre m’en donne l’impression – à un de ces nomades de l’extrême-occident. Enfin. Voyons voir ce que tu sais faire.
L’officier choisit un javelot et le tendit à Guilhem. Il lui désigna une cible à environ cinquante coudées. Le Béonide visa, prit un élan et projeta l’arme, qui manqua la cible à une distance d’au moins quarante pommes. L’officier s’esclaffa. Guilhem, pas du tout perturbé par cet échec, se pencha et ramassa un galet bien pointu. Il s’élança et le projectile alla s’écraser contre le centre de la cible, dont la paille tressée se déchira en lambeaux et en poussières.
― Wooosh, fit la paille, plaintive.
L’officier cessa de rire, ahuri. Il tendit une épée de bois à Guilhem et demanda à un homme tatoué et à la peau claire de l’évaluer en escrime.
― Qu’est-ce que l’épée? lança l’entraîneur d’escrime en pointant vers Guilhem une lame de bois effilée.
― L’épée, c’est comme avoir une longue griffe dans la paume, répondit le Béonide.
― Tu ne dois pas être doué au combat pour parler ainsi de cet instrument d’artiste, dit l’autre en embrassant son arme.
L’entraîneur envoya une série de taillades à Guilhem, qui esquiva avant d’érafler la cuisse de son adversaire d’une solide botte. Le sang coula : une écharde de la longueur de cinq cerises s’était détachée de l’arme de Guilhem pour se planter dans la jambe de l’entraîneur.
― Vous allez bien? demanda-t-il.
Autour de lui, les soldats avaient arrêté leurs combats simulés. L’entraîneur, la poigne fermée, retira l’éclat de sa cuisse en poussant un hululement de douleur.
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