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Succumbere Succubus

 
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beonir
duc
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Thème: xm-jdr (983)
Localisation: Inutile de vous retourner, je suis déjà parti....
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MessagePosté le: 27 Fév 10:18    Sujet du message: Succumbere Succubus Répondre en citant

Des jours qu’il arpentait les terres désolées du monde démon, seul, comme toujours.
Il avait accepté cette mission délicate qui lui avait été confiée par son peuple : se rendre à Pandora afin de dérober une partie de la caisse diplomatique réputée pour être richement dotée.

Ce paysage de désolation, aride et sauvage, était propice à l’introspection.
Ses traces de pas dans la poussière âcre et sulfureuse étaient autant d’empreintes de solitude et de détresse.
Il était sans nouvelles de sa très chère sœur et de sa jeune et délicate épouse, qu’il avait dû laisser, à regret, leur union tout juste consommée, afin d’accomplir son devoir.
En se mettant en route, il connaissait très bien les risques qu’il encourait à l’occasion de ce voyage. Son corps, son esprit et son coeur allaient être soumis aux forces et aux assauts les plus machiavéliques.
Il le savait.
Mais il avait pris sa décision en son âme et conscience, dans l’intérêt du peuple des hommes.

Le voile opaque du soir se déposait subrepticement sur cette journée morne et sans saveur.
Harassé par l’atmosphère chaotique de cet environnement, tourmenté par le désespoir et l’absence, Beonir se décida enfin à se poser, lui et ses frusques, dans un vallon abrité.
Il pourrait aisément y faire un feu qui, pensait-il, éloignerait de lui les animaux et créatures susceptibles de lui rendre une visite de courtoisie dans son sommeil.

Après un frugal repas, il mit un peu d’ordre dans sa besace, tout en pensant aux êtres les plus chers à son cœur. Il revoyait le doux visage d’Ecnelis qui lui souriait. Il se remémorait le son de sa voix, l’éclat de son rire cristallin, la douceur de sa peau et la fougue de ses baisers.
Apaisé par ces images agréables, il s’endormit paisiblement.

Son premier rêve le ramena auprès de Cadfael, sa jeune sœur, qu’il avait retrouvée sur un champ de bataille, dont la maturité et la clairvoyance le comblaient d’une immense fierté.
Puis, peu à peu, Ecnelis lui apparut, magnifique et visiblement heureuse.
La précision des détails lui donna une étrange impression, comme si les souvenirs de cette fin de journée la faisaient se matérialiser devant lui, comme s’il vivait un songe éveillé.
Sa jeune épouse était bel et bien à ses côtés, tendre et aimante, comme de coutume.

Cela faisait des lunes qu’ils ne s’étaient parlé, que leurs doigts ne s’étaient effleurés, que leurs bouches ne s’étaient embrassées…..
Les caresses succédèrent aux baisers, puis les étreintes se firent plus ardentes jusqu’à ce que leurs corps poursuivent cette danse voluptueuse au crépitement des flammes du feu de camp.
Après de longues minutes de murmures et de soupirs, Ecnelis planta ses ongles dans la chair du dos de Beonir, puis se pencha dans le creux de son cou ou elle mordit à pleines dents.
A cet instant même le voleur revint à la réalité, ouvrant des yeux médusés sur une jeune femme rousse, au regard froid et sadique, qui partit soudain d’un rire hystérique et sardonique avant de se volatiliser en d’étranges volutes blanchâtres.

Il se sentit las, au bord de l’évanouissement, le sang ruisselant dans sa nuque et dans son dos.
Il venait d’être perverti, à son insu, par l’une des filles de Lilith, princesses tentatrices, contre lesquelles on l’avait pourtant mis en garde.

Le maraudeur était désormais en proie aux visions démoniaques et son corps commençait déjà à porter les stigmates de sa nouvelle existence ; ce sort qu’on lui imposait. Il sentait la perfidie s’instiller insidieusement en lui, tel un poison.

Il pleurait.

Pourrait-il recouvrer sa condition humaine et rejoindre un jour les siens ?
Nul ne pourrait le dire, il était beaucoup trop tôt pour le savoir…..
_________________
Beonir : voleur, chapardeur, aigrefin, coupe-jarret, escamoteur, filou, larron, maraudeur, rapineur, scélérat, tire-laine, ....., et alors ?

Grand Chambellan de la confrérie de la Main verte
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beonir
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Messages: 1676
Thème: xm-jdr (983)
Localisation: Inutile de vous retourner, je suis déjà parti....
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MessagePosté le: 28 Fév 10:26    Sujet du message: Répondre en citant

Il commençait à délirer, sentant l’écume lui monter à la bouche. Son esprit s’embrumait petit à petit.
Il entendait les cris des vautours et le croassement des corbeaux. Ces charognards qui caressaient le secret espoir de se délecter de son corps, s’il n’était pas suffisamment résistant au mal inoculé.

Un oiseau noir vient se poser près de lui, premier à se présenter au service.
Le corbeau le dévisageait de son œil unique, le globe oculaire gauche définitivement clos. Il avait probablement perdu l’œil gauche lors d’une lutte pour se nourrir.
Il s’avança en sautillant vers le voleur et lui piqueta la main avec son bec.

« Oubli ? Mais comment est-ce possible ? »

Il savait que les pérégrinations de Nathair l’amenaient parfois aux abords de Pandora. Ce vieux fou était-il tout près ?
Beonir ne se sentait pas la force de se lever, pour le moment. Il saisit son sac et en sortit un bout de parchemin, sa plume ainsi qu’un petit pot d’encre, précieusement conservés pour adresser quelque missive à l’occasion de ses voyages, puis, rassemblant ses idées dans un effort de concentration, se mit à rédiger :

« A Ecnelis, ma bien aimée.
Ma très chère épouse, à l’heure où vous me lirez, vous saurez que j’ai échoué dans la mission qui m’a été confiée.
Une harpie a eu raison de moi et m’a entraîné vers la déliquescence de ces êtres malfaisants.
Mon âme est en proie aux tourments les plus effroyables, ma foi en Thor s’évade et je suis effrayé à l’idée de vous perdre.
Je sais que vous chercherez à me retrouver et à me ramener auprès des nôtres.
Informez, s’il vous plaît, Cadfael de ce qui m’arrive, elle pourra vous être d’une aide précieuse. Elle connaît les oracles.
N’oubliez pas que l’amour préserve tous les espoirs.
Je vous en prie, sauvez moi !!!!
Je vous aime.
Beonir
»

D’une main tremblante, il parvint à attacher la brève missive enroulée autour de la patte du corbeau :
« Petit être, une fois encore, je te confie mon espérance ! Vole et retrouve Ecnelis ! ».

Le corvidé s’ébroua puis s’envola dans un claquement d’ailes.
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ecnelis
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MessagePosté le: 28 Fév 21:19    Sujet du message: Répondre en citant

En ces jours sombrent, Ecnelis avait bien tenté de comprendre la situation, tiraillée d'une part par le désir de satisfaire au bien être de sa communauté, pour laquelle avait tant d'attachement, et d'autre part par l'envie de retrouver son époux, ainsi que son fidèle Ami Nathair.

Ecnelis, seule dans ce monde qui finalement n'avait plus aucun intérêt.
Elle ignorait totalement ce dont pourquoi elle se battait avec autant de frénésie, sur ces terres sans cesse ravagées par la haine. Ces conditions d'existences étaient devenues on ne peut plus lasses.
En effet, elle qui aimait à danser et tourbillonner autours de son crapeau ; elle s'en souvenait...

Il fût aussi une époque où elle eut l'impression d'être rejetée par les siens, et cela la contrariait au point que toutes ses convictions, en quelques instants s'évanouissaient pour friser un mutisme complet.

Comment, en quelques secondes, sa vie avait pu basculer ; elle l'ignorait. Aucune âme n'aurait pu lui ôter le rictus de désolation qu'innondait son visage.

Au même instant, alors, qu'assise sur l'une des chaises composant l'atmosphère chaleureuse de l'Estaminet où elle se trouvait, près de la cheminée, comme à l'accoutumé, endroit bien tranquille où jadis elle avait rencontré son époux Béonir, un homme, à l'allure étrange entra. Il avait de grands yeux et acquiesçait un sourire éclatant. Son teint mât laissait apparaître que probablement il venait de très loin ; peut-être un de ces pays dont elle avait entendu parler, mais dont elle ignorait l'existence.

Elle se souvînt qu'à l'époque, elle avait été recueillie par le monde des hommes à l'âge de 10 ans, et qu'alors, un vieux magicien que l'on surnommait Nathair lui avait parlé qu'il existait un monde où chaque âme reflétait le sourire des mondes ; cet homme lui faisait étrangement penser à ce souvenir.

Bizarrement, l'homme qui venait d'entrer l'intriguait, mais le plus surprenant était qu'il n'arrêtait pas de la fixer des yeux, comme s'il avait une révélation à lui faire.

Ecnelis lui esquisça un sourire et d'un geste machinal, releva sa mèche. L'homme s'asseya au comptoir.

Régnait à l'auberge une atmosphère de plénitude, et c'est dans ces instants qu'Ecnelis aimait à se recceuillir et écrire, entendre le crépitement du bois chanter dans la cheminée.

Plus de nouvelles de Béonir ! Bien sûr, depuis leur nuit de noces, ils avaient dû être séparés pour de multiples raisons, mais jamais le silence pesait autant qu'à l'instant ; elle était sans nouvelles depuis des lustres. Et oui, tous deux s'étaient sacrifiés pour le devenir de leur peuple, effaçant petit à petit les seuls moments où ils pouvaient enfin se retrouver. Depuis, ils n'avaient pu qu'échanger à l'aide des missives déposées par Oubli, le Corbeau de Nathair... Mais là, rien, pas un mot, ni même la présence d'Oubli.

Où trouver Cadfael songea-t-elle ?
Au même instant Ecnelis vascilla de sa chaise...
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Nathair
marquis
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Thème: Xm-Halloween (2008)

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MessagePosté le: 28 Fév 23:36    Sujet du message: Répondre en citant

L'endroit était confortable...

La rivière de lave souteraine chauffait la pierre de par le sol, de nombreuses niches permettaient d'y ranger tous types d'objets et il y avait même au milieu de cette grotte un petit gouffre et outre le fait qu'il permettait de faire cuire et sécher il éclairait un peu l'endroit d'une douce lumière orangée. Bien sûr en haut il y avait comme un conduit d'air par lequel à l'occassion la fumée n'hésitait pas à s'echapper. Ce fut peut-être l'odeur du lapin que Nathair faisait rotir à la broche qui l'attira par cette entrée! Toujours est il qu'oubli croassa et que tel cri voulait dire urgence et quelle autre urgence sinon celle de manger un corbeau de sa dimension pouvait il ressentir?

La viande était presque à point et la peau arrachée maladroitement gisait sur le rebord du foyer.

Oubli regardait nathair, là tout en bas, au fond de cette cavitée, parmi les rochers noirs de cette vallée hantée où tout semblait cendres et buchers. Il avait dû se fier à son instinct et utiliser "le lien" pour le retrouver. Oubli ne voulu pas prendre le risque qu'un tel message plein d'espoir et de vérité alla se perdre au fond de l'enfer, mais Nathair aurait a décider, ce magicien illuminé ne viendrai jamais jusqu'à lui et de plus c'est à lui qu'on avait confié ce message, il devait pourtant le faire, même si ça lui déplaisait.
Oubli replia ses ailes sur lui même, son corps concentra alors toute sa magie en une sphère à l'aspect liquide, noir et bleuté qui s'amplifia un instant autour de lui. Lorsque la bulle disparut de son centre de gravité pour s'oublier entre le vide et l'infini, ce n'était plus un corbeau qui était là, perché en haut de la cavité... mais un rat!

Le rat descendit alors avec rapidité le petit conduit et se retrouva bien vite auprès de Nathair qui s'en allait retirer la broche de ses supports...

Nathair s'exclama, en constatant qu' Oubli s'était métamorphosé en rat :


- ...et bien et bien! faut toujours que tu trouves le moyen d'arriver à tes fins... ne t'inquiètes pas de toutes façons je n'ai pas très faim, tu en auras facilement plus de la moitié... c'est juste que vois-tu j'aime bien cuisiner... en vérité tu tombes bien... et puis ça nous fera l'occasion de discuter...

Oubli ne répondit rien, il secoua sa patte arrière, là où une missive était accrochée

- Rrhaa... faut qu'ils arrètent avec ça! c'est vrai c'est pas une vie pour toi... toujours à faire le coursier...

Oubli secoua la tête frénétiquement

Nathair posa alors le lapin fumant devant son familier et détacha la missive qui apparemment lui était destinée...


-Mange mon ami!... apparemment tu en as besoin!... cette transformation a du t'épuiser, je vois que tu as négligé quelques blessures aussi.. à moins que ce soit une mode que tu te fais... remarque! quand on sait ce qu'il y a à voir, un oeil c'est amplement suffisant!

Oubli' n'écoutait plus, à mesure qu'il dévorait la chair, trop cuite à son goût, tel un carnacier affamé, son corps se muait, mais toujours l'un de ses yeux restait blanc!

Nathair ouvrit la missive et comprit instantanément de quoi il retournait

Il fut soudain prit de panique et chercha partout dans les caches, jetant 36 choses au feu comme s'il était mécontant, laissant des potions se briser au sol, des pommes rouler à ses pieds... Quand enfin il trouva le parchemin qu'il cherchait, il lu l'incantation et le message desespéré de Béonir pour sa douce à la main, il se téléporta vers un lieu commun où il savait ecnelis trouver.


L'homme qui se tenait non loin d'Ecnelis au bar eut une curieuse réaction à la prise de conscience de Nathair, après tout c'était plus ou moins contre sa volonté, le fait est qu'il recracha la bière qu'il était en train de boire et ce en direction de dame Ecnelis elle-même. Ses yeux prirent l'apparence de ceux qu'elle connaissait pour être ceux de l'ami du couple et après cette entrée en scène discutable dont il n'était pas très fier, il ne trouva rien d'autre à dire que...


-C'est moi Ecnelis! C'est Nathair!

Il reposa alors la bière sur le bar et se mit à chercher de la main la missive de Béonir qui était apparut dans la poche de cet oportun témoin qui se rappelerait certainement avoir trop bu le lendemain matin


Dernière édition par Nathair le 08 Mar 19:59; édité 1 fois
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ecnelis
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MessagePosté le: 01 Mar 14:02    Sujet du message: Répondre en citant

Ces mots, ces seuls simples mots, rien que le son de cette voix, celle de Nathair. Ecnelis eût le temps de se raccrocher à la table sur laquelle elle avait passé la nuit à penser, réfléchir. Mais ces mots :

- C'est moi Ecnelis! C'est Nathair!

Comment Nathair avait-il pu se projeter et prendre possession du corps de cet homme songea-t-elle : était-ce une illusion ou bien était-elle encore perdu dans ses rêves ? Elle ne savait plus, et d'une voix fébrile répondit :

- Est-ce bien toi Nathair ?
- Voiçi des jours que j'attendais d'avoir de tes nouvelles !


Ecnelis avait pris l'habitude de tutoyer ce vieux mage qu'elle aimait à défier. Aussi, elle n'oublait pas que ce vieux fou errant à l'étoile, l'avait retrouvée à moitié morte adossée au pied d'un arbre, et qu'il avait eu le soin de la déposer entre les mains des femmes d'un village voisin à Midgard, où elle avait pu ainsi grandir. Oui, il était son sauveur en quelques sortes. Nathair venait régulièrement lui rendre visite et ainsi prendre de ses nouvelles, lui raconter des histoires les plus folles. Ecnelis aimait se pendre à sa barbe, ou bien lui tirer la langue et le traiter d'affreux, ce qui ne plaisait pas toujours à Nathair qui entrait dans une colère folle et la faisait rire aux éclats.

Ecnelis continua à contempler Nathair d'un air curieux...
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Nathair
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Thème: Xm-Halloween (2008)

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MessagePosté le: 01 Mar 14:42    Sujet du message: Répondre en citant

Le magicien s'approcha d'elle doucement, usant d'une rocailleuse voie aux tonnalités qu'elle connaissait...

- Ma chère Ecnelis... comme je suis heureux de vous voir!

Il alla en la prenant par l'épaule l'emmener près de l'âtre comme il lui semblait qu'elle frisonnait et qu'il savait que le crépitemment du feu avait le don de pouvoir la distraire. Ecnelis aimait tout ce qui étincellait, toutes ces petites lumières éphémères qu'elle contemplait avec la même fascination, le même étonnement depuis qu'elle n'avait encore l'age de compter.

Elle se laissa faire, ce qui aurait pu le surprendre s'il n'avait su que trop bien la véritable raison de sa présence... Nathair était inquiet!


- Il y a des endroits comme celui ci... lança t'il comme s'il méditait devant elle... chargés de souvenirs, de passé.

Il la sentait fébrile, vulnérable, comme si elle avait été profondément destabilisée. Nathair se demandait à quel point la confiance avait pu la faire souffrir... Voyant son sourire patient et un peu crispé, il voulu peut être à tord détendre l'atmosphère. A vrai dire il ne savait comme faire: cette rencontre devait elle etre fortuite? Ecnelis serait-elle dupe? Comment faire pour ne pas trop s'impliquée dans sa vie, pour ne pas risquer une fois de plus, de la decevoir...

Tenancier! cria-t'il dans la salle, aportes-nous donc quelque chose à boire! il fait chaud ici!


Dernière édition par Nathair le 08 Mar 20:03; édité 1 fois
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beonir
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MessagePosté le: 01 Mar 16:00    Sujet du message: Répondre en citant

A peine conscient, le voleur eut la sensation d’être soulevé de terre par de multiples mains, puis balloté.
Son subconscient voguait à travers l’immensité céleste, sans discerner précisément l’endroit où il se trouvait.
Il s’évanouit à nouveau.

Beonir ouvrit les yeux après un très long sommeil et s’assit sur la paillasse qui lui servait de couche. Jamais il ne saurait qu’il venait de dormir 6 jours durant.
La pièce dans laquelle il se trouvait était sombre, peut-être faisait-il nuit ?
Les membres complètement ankylosés, il se leva lentement.
Ses pieds nus émirent un chuintement lorsqu’ils entrèrent en contact avec le sol.
Le sol semblait jonché de légumes pourris ou d’excréments d’animaux, mais l’odeur, bien que forte, ne semblait pas l’incommoder.
Il était incapable de dire ce qui lui était arrivé, ni comment il avait pu arriver dans ce cloaque.
Rasant les murs à tâtons, il remarqua que la pièce ne comportait aucune fenêtre, juste une porte en bois, fermée à clé. Il était prisonnier.

Subitement, il sentit la faim tirailler ses entrailles.
Il lui faudrait attendre que son geôlier daigne lui ouvrir pour lui apporter quelque pitance.

Pour passer le temps, il tenta de se remémorer les raisons qui l’avaient amené à cet internement ?
Il avait beau avoir l’esprit confus, il ne s’en souvenait guère.
D’ailleurs, à bien y réfléchir, il ne se rappelait pas non plus d’où il venait.
Pourtant, c’est impossible ! On vient forcément de quelque part ! A moins qu’un choc violent sur le crâne….
Non, rien n’évoquait qu’il se soit battu. A part l’engourdissement, ses membres semblaient intacts.
Il n’avait aucune sensation d’ecchymoses ou de contusions même à la tête.
Il se sentait comme avant, à part l’absence de souvenirs ; oui, comme avant, mais avant quoi, que faisait-il avant ? Et, au fait, comment s’appelait-il ? Troublantes questions qui trouveraient peut-être une réponse….

Des bruits de pas, sourds, retentirent dans le couloir, se rapprochant progressivement de sa cellule.
Des clés tintèrent et le cliquetis significatif d’une serrure qu’on ouvre…..
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cadfael
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MessagePosté le: 05 Mar 12:49    Sujet du message: Répondre en citant

Elle ne tiendrait plus longtemps ; le venin suivait les fibres nerveuses et le passage de chaque synapse était un calvaire. Elle était allée au bout de ses forces et il lui fallait trouver de l’aide rapidement. Ne pas perdre connaissance, tenir jusqu’à cet estaminet.

Son bras gauche ne la faisait plus souffrir ; elle ne le sentait plus, il lui faisait l’effet d’une branche morte reliée à son corps. La moitié de son visage était paralysé ; son œil gauche larmoyait, sa bouche était déformée.

Son esprit restait intact et la conscience de sa mort imminente affûtait ses sens; elle avait enfin réussi à assembler les pièces du puzzle.

Mais comment avait-elle pu ignorer les signes prémonitoires de ces derniers jours ?

......

Le départ de son ami Nathair l’avait d’abord plongée dans une profonde torpeur puis la colère avait pris le dessus.

Elle hurlait à qui voulait l’entendre :
"Ils commencent tous à me pomper l’air !
Nathair quitte le navire.
Béonir est aux abonnés absents. Même pas fichu de me donner une nièce, ce fanfaron.
Ma belle-sœur me tanne depuis des lunes avec son hymen non défloré. M’en vais lui trouver un bel amant, ça lui calmera les hormones."


Etant donné son humeur exécrable, personne n’osait plus lui adresser la parole ; elle s’était complètement retranchée en elle-même et avait décidé de s’asseoir au pied d’un arbre en attendant des jours meilleurs.

La folie la guettait; du moins c’était son excuse pour faillir à son devoir en refusant de protéger ceux qu’elle aimait.

Ce rêve récurent aurait dû la mettre en alerte :

Aux abords d’un lac une dame éplorée, le visage recouvert d’un long voile de crêpe noir, se tient agenouiller près du corps d’un chevalier. La belle endeuillée empoigne l’épée du mourant, s’approche de la berge et lance l’arme au-dessus des eaux. L’épée retombe avec une infinie lenteur jusqu’à ce qu’un bras de femme recouverte de soie blanche sorte des eaux et saisisse la pointe de l’arme. La main merveilleuse élève par trois fois l’épée au-dessus du miroir des eaux et s’enfonce dans les profondeurs.

Béonir était en danger et tentait vainement par ce songe de rappeler à sa sœur la promesse qu’elle lui avait faite.

La nuit dernière elle s’était réveillée avec une violente douleur dans le creux de l’épaule gauche.
Une morsure d’araignée, pensa-t-elle avant de se rendormir en s’enroulant dans sa cape.
Même séparés ils restaient unis par les liens du sang. Ce qui touchait l’un, l’autre le ressentait ; Thor y veillait et la léthargie de Cadfael n’était plus qu’un lointain souvenir aux premières lueurs de l’aube.

Il lui fallait maintenant racheter sa faute. Retrouver Nathair et Béonir avant qu’il ne soit trop tard. Elle se mit en route mais à chaque mouvement de son corps, le poison semblait gagner du terrain.

......

Cadfael atteignit péniblement la porte de l’estaminet qu’elle ouvrit dans un dernier effort; elle crut reconnaître près de la cheminée Ecnelis en grande conversation avec un inconnu.
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ecnelis
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MessagePosté le: 08 Mar 21:13    Sujet du message: Répondre en citant

Hummm, Ecnelis n'était ni sourde et aveugle, et tout semblait croire que nathair ne lui cache quelle chose que ce soit.

- Nathair, est-il vrai notre demeure subit quelques mésaventures ?
- Nathair, avez-vous des nouvelles de mon époux ?
- Nathair, je vous ne prie ?
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Nathair
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MessagePosté le: 08 Mar 21:31    Sujet du message: Répondre en citant

Le tenancier avait fini par apporter un grand cruchon de vin qu'il posa entre le vieillard et l'enfant, entre Nathair et Ecnelis

Le vieil homme-serpent savait bien ce que pensait ce tenancier qui le regardait avec insistance depuis un certain temps, qui murmurait des mesquineries et des critiques à ses fidèles piliers de bar, de toutes façons toujours prets à avaler ce que cet empoisonneur d'esprit leur servait, en liquide ou en bruit! Ces fidèles piliers de bar, Nathair n'en faisait pas vraiment partie, mais sont corps actuel, si! "tant pis!" ce dit-il "j'aurais surement bientôt le loisir de changer certaines coutumes d'ici", réva t-il un instant. Mais pour l'heure, elle, Ecnelis... Il contempla son visage, sa délicatesse, ces mains menues et pales et ses yeux emplis de tristesse, qu'elle était belle! "Par Thor, que l'amour desespéré est une arme puissante! " pensa t'il. Il fallait l'aider, elle lui demandait de son âme, de son coeur. Malgré tous ces efforts pour ne pas créer de vrais liens avec des mortels, il fallait bien se rendre à l'évidence: il lui avait servi de repère, peut-être même de modèle... "Par Diablo!" Que s'était embarrassant!

- Mon amie... dit-il en posant sa main sur la table basse devant l'âtre duquel Ecnelis tournait le dos. Une fois de plus Nathair se stupéfia devant la vérité de la scène, la beauté de l'icône: Ecnelis pâle et triste, le teint presque bleuté, comme une aube, devant des flammes rouges et oranges qui dansaient avec une célérité proche de l'éternité du sentiment. Nathair était fasciné par les paradoxes et les contrastes et sans doutes ceux-ci le savaient!

- Ecnelis... ma petite... dit-il en s'étouffant, et puis le vin le regardait...
il s'exclama alors spontanément :
Quelle ironie ma chère, c'est de l'Hypocras qu'il nous a servi!

Il lui souri de toute son ame à lui et soudain, s'aprétant à lui servir ce délice, il fut prit d'un effroyable frisson. L'once de joie qui aurait pu lui donner engouement s'évanouie et instantanément il se leva, renversant son verre vide qui roula et se brisa sans jamais avoir été rempli.

- Cadfael! s'exclama t-il à haute voix! aussitôt il sut qu'elle se tenait dernière lui, qu'elle venait d'entrer dans ce lieu et que outre les reproches que son coeur aurait pu avoir à lui faire, quelque-chose de bien plus primordial pour lui n'allait pas: elle souffrait, physiquement ! Il se retourna alors et vit son visage contrit de douleurs... "Poison!" pensa t-il et puis un monstrueux doute l'envahi et comme l'envie de fuir aussi... Il s'approcha d'elle a pas lent, préparant machinalement un sort de soin entre ses mains... et puis il se dit tout en continuant d'aller vers elle: "j'utilise la magie démoniaque maintenant, il se pourrait que voulant la sauver je l'achève", il alla donc la soutenir physiquement.

- C'est moi Cadfael ne put-il s'empécher de dire en lachant un sanglot, la tenant alors dans ses bras, il lui souffla à l'oreille:

- Pardon mon amour, pardon! je ne me souviens pas, qui a pu te faire ça!

Alors qu'il se trouvait devant la porte ouverte de l'estaminet, il vit Oubli qui tournoyait dehors, le laissant à son esprit, il mit sa main dans sa poche, saisi la missive de Béonir, passa la main par dehors tout en soutenant cadfael et faisant mine de chercher à fermer la porte, projetta en l'air le message sacré, lequel fut saisi au vol par le corbeau qui alla patienter dans un arbre, en face d'une fenêtre donnant sur la petite table devant l'âtre. Nathair, en poussant un souffle, saisi alors vraiment la porte et la referma violemment et bruyamment. Profitant de l'attention générale il ordonna:

- Poussez-vous donc, cette très importante noble humaine est blessée!

Il mena alors cadfael par l'épaule jusqu'à la petite table sur laquelle il la posa délicatemment après qu'Ecnelis, choquée mais consciente, enleva le verre et l'hypocras...

Nathair regarda ecnelis, l'oeil affolé, et lui dit en hâte:


- Elle a été empoisonné, faites vite! je crois qu'il n'y a que vous qui puissiez la sauver!

Il se dirigea alors vers le bar où le tenancier, l'oeil quasi terrorisé, attendait presque une sentence...

- Allez! lui dit Nathair, apportes-nous tout de suite de l'eau!
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MessagePosté le: 08 Avr 15:01    Sujet du message: Répondre en citant

- Non, pas de l'eau malheureux. Voudriez-vous voir notre Amie partir au trépas ?
- J'ai, dans ma besace, de quoi extraire ce maléfice.
- Croyez-vous, mon Cher Nathair, que je peux réussir, car, je vous avoue, que je vais me servir de cette pratique pour la première fois.


Bizarrement, d'où Ecnelis détenait de tels pouvoirs, qui les lui avait transmis ?
Ce faisant, elle sortie une fiole contenant une boue rouge provenant des montagnes, puis quelques herbes, dont du romarin. Elle souleva doucement la tête de son Amie et soeur, et lui fît boire le breuvage.
Nathair semblait la contempler d'un air inquiet, mais Ecnelis le rassura en lui chatouillant la barbe, comme au bon vieux temps. Rien n'avait changé depuis le temps. Comme si Ecnelis ne pouvait grandir en la présence de Nathair.
Ecnelis, dans un dernier élan, donna un baiser sur le front de Cadfael, puis, d'une voix fébrile et un regard attendri, répliqua :
- Nathair, pourrais-tu demander à l'aubergiste de t'aider, afin de monter Cadfael se reposer ailleurs, où le bruit va commencer à croître ?
- Notre lit nuptial sera ce qui est de meilleur.


Nathair et l'aubergiste portèrent Cafael à l'étage...

Ce qui semblait intriguer Ecnelis, était ce bruit, qui ne ressemblait à aucun autre de ceux qu'elle connaissait. En effet, une sorte de battement d'ailes, qui ne lui était pourtant pas inconnu. Son regard fût saisi par une blancheur pendue à l'arbre, dont les branches venaient embrasser la fenêtre.
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MessagePosté le: 22 Avr 13:57    Sujet du message: Répondre en citant

Me reposer !!!

Auriez-vous perdu tout sens commun, Ecnelis mon amie ?

Pensez-vous que c’est de son plein gré que Béonir, votre époux se prélasse dans les bras de cette fleur des lupanars, des tripots et des bouges ?
Croyez-vous qu’il a suffi d’une paire de jarretières rouges sur de très longs bas noirs pour lui faire oublier l’éclat de vos prunelles ?

Toute suave et vibrante que puisse être cet succube, mon frère sait que ce chemin le mènera vers l’errance et la désillusion.

Il souffre mille petites morts chaque jour ; sa raison vacille et son corps ne sera bientôt plus qu’évanescence.

Nous n’avons que trop attendu avant de secourir nos amis. Il faut partir sans délai ; voyagez léger. Mais quelle direction prendre ?


Oh…ma tête est sur le point d’éclater.
Ces battements d’ailes, ces coups de bec contre la vitre sont assourdissants ; faites quelque chose quelqu’un !

Que m’avez-vous fait boire ma sœur ?
Je crains que cet élixir ne me rende….irritable. Si je ne parviens pas à retrouver un peu de sérénité, notre quête sera vouée à l’échec.


Elle clôt ses paupières quelques instants afin d’opérer un repliement au plus profond de son être.

Lorsqu’elle rouvrit les yeux, sa tête se tourna d’instinct vers l’inconnu qui la soutenait. L’espoir retrouvé dessina un sourire sur le visage de Cadfael ; elle tendit lentement la main et caressa la joue de celui qui n’était plus un inconnu.

Je connais ton visage….Nathair
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MessagePosté le: 23 Avr 11:30    Sujet du message: Répondre en citant

- Cadfael, si par mésaventure, tu devais t'écrouler, que ferions-nous ?
- Tu ne ferais que nous retarder.
- Non, tu vas te reposer, le temps que je prépare notre départ.
- Ne te fais pas de soucis, j'ai acquis assez d'expériences pour savoir ce qu'il nous faut emporter !



Toujours intriguée par cette lueur qui se balançait à la fenêtre et ces bruits de cliquetis contre la vitre, Ecnelis se décida à ouvrir la fenêtre, elle savait Cadfael en compagnie de Nathair. Un vent violent vînt lui souffler au visage, et la branche venant auparavant caresser la fenêtre, giffla Ecnelis d'une griffe assez puissante pour lui entailler le visage, suivi d'un crôaa, crôaa enraillé. C'était «Oubli» le corbeau de Nathair, qui, d'un battement d'ailes vînt se poser sur la tête d'Ecnelis.

Ecnelis ne pu refermer la fenêtre, tellement le choc avait été violent. C'est l'aubergiste qui vînt à son secours. L'auberge ressemblait de moins en moins au coin tranquille qu'Ecnelis affectionnait. En effet, ce tourbillon venteux avait emporté la paperasse qui s'était déposée sur les flammes du feu de bois qui à son tour s'agitait en lançant des cris bleutés, et s'alimentait du bois des chaises. L'on entendait l'affolement des quelques badeaux de passage, venus pour se restaurer...
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MessagePosté le: 23 Avr 13:58    Sujet du message: Répondre en citant

Nathair, qui se tenait sagement aux cotés de Cadfael, regardait la scène avec ahurissement. En effet Ecnelis courait dans toute la salle et Oubli semblait vouloir s'accrocher à ses cheveux tout en battant des ailes et en poussant de furieux croassements. Le vent avait fait venir quelques papiers vers le feu et celui ci provoquait l'agitation des quelques personnes qui s'en trouvèrent enfumé. L'aubergiste accourut alors avec un grand sceau d'eau et le jeta devant l'âtre, sûrement pour éviter que le feu ne dévore trop le plancher et les quelques chaises situées devant mais aussi pour calmer la folie qui semblait s'emparer de tout le monde ici... On finit par refermer la fenêtre et Oubli renonça à poursuivre Ecnelis. Il alla se poser sur la table devant Cadfael et Nathair et se mit à faire quelques mouvements de tête et secoua sa patte à laquelle était toujours accroché le message. Regardez! s'exclama Nathair, il est porteur d'une missive! Nathair détacha la missive et regardant Ecnelis qui s'approchait, furieuse, de ses deux amis, il lui tendit l'objet: Tenez Ecnelis! Il semblerait que se message vous soit destiné!
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MessagePosté le: 23 Avr 18:46    Sujet du message: Répondre en citant

Que toute la paperasse d'Ecnelis parte en fumée, s'eût été le bouquet de la fin. On connaissait par delà les terres humaines, la légendaire colère d'Ecnelis lorsqu'il s'agissait de lui soutirer quelques parchemins que ce soit. Elle prit la missive que lui tendait Nathair, tout en piétinant de rage, puis se calma à l'écriture de Béonir. Elle s'empressa, avec délicatesse, d'ouvrir le parchemin sur lequel était écrit :

« A Ecnelis, ma bien aimée.
Ma très chère épouse, à l’heure où vous me lirez, vous saurez que j’ai échoué dans la mission qui m’a été confiée.
Une harpie a eu raison de moi et m’a entraîné vers la déliquescence de ces êtres malfaisants.
Mon âme est en proie aux tourments les plus effroyables, ma foi en Thor s’évade et je suis effrayé à l’idée de vous perdre.
Je sais que vous chercherez à me retrouver et à me ramener auprès des nôtres.
Informez, s’il vous plaît, Cadfael de ce qui m’arrive, elle pourra vous être d’une aide précieuse. Elle connaît les oracles.
N’oubliez pas que l’amour préserve tous les espoirs.
Je vous en prie, sauvez moi !!!!
Je vous aime.
Beonir »


C'est à ces derniers mots : «Je vous aime» qu'Ecnelis ne put s'empêcher de dire à haute voix : «moi aussi, je vous aime Béonir..».

Cadfael dévisagea Ecnelis curieusement. Nathair, quant à lui, ce vieux frippon, avait lu la missive, et n'en fût pas étonné !
Ecnelis, l'air anxieux, tendît la missive à Cadfael, bouleversée, et ne saisissant pas trop bien les propos de Béonir, quant à l'harpie...
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MessagePosté le: 01 Mai 16:32    Sujet du message: Répondre en citant

Cadfael lut le parchemin et le remit dans le petit boîtier qui le protégeait. Elle avait reconnu l’écriture; même si quelques tremblements et hésitations semblaient avoir altérés la calligraphie de son frère, c’était bien la main de Béonir qui avait tracé ces mots.

Une fois la stupeur passée, elle réfléchit au contenu du texte.

De quelle mission, Beonir parle-t-il ?

Elle n’avait pu assister au dernier grand conseil à Midgard et ignorait tout des décisions prises.

Une harpie !
Je n’ai jamais croisé de tels phénomènes sur nos terres. Je ne les connais qu’à travers les dires des anciens :

Nul monstre n'existe plus sinistre qu'elles, et jamais n'ont surgi
des eaux du Styx fléau plus cruel ni colère divine plus furieuse.
Ces oiseaux ont une tête de femme, un flux immonde
s'écoule de leur ventre, leurs mains sont pourvues de griffes,
et leurs faces sont toujours pâles de faim!

Qu’a fait Béonir pour mériter un tel tourment ?


Inconsciemment, Cadfael se mit à faire les cent pas autour de la table sous l’œil amusé de Nathair et le regard affligé d’Ecnelis.

Ai-je réellement le temps d’aller consulter les trois Moires comme le suggère mon frère ?
Quelle est la volonté des Immortels en ce qui le concerne ?


Tout ceci est bien obscur ! dit-elle en retournant s’asseoir à la table devant ses amis.

Elle déroula doucement le parchemin sur le plateau de la table et y posa la paume de sa main gauche. Au contact de l’encre magique, Cadfael oublia le sens des mots et leur syntaxe. Elle ne laissait monter en elle que le message subliminal que Béonir avait intentionnellement caché.

Elle invita Ecnelis et Nathair à prendre un siège et a mettre leurs mains gauches sur la sienne.
Nathair adressa un clin d’œil à Cadfael et dit :
Vous oubliez quelque chose, jeune magicienne, si vous ne souhaitez pas que nous restions tous bloqués dans le pays des spectres imbibés de strychnine.

De sa main droite, le vieux fou barbu dessina le cercle protecteur autour de leur table.
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MessagePosté le: 07 Mai 18:26    Sujet du message: Répondre en citant

Le ton de la voix de Cadfael raisonnait encore dans la tête d'Ecnelis "Poser sa main" ...

Ses pensées étaient ailleurs, comme transportées machinalement vers un monde extérieur au sien, enfin, du moins, celui qu'elle croyait être sien. Les blessures qu'elle portait au visage lui faisaient atrocement souffrir : Ces branches qui l'avaient agrippée alors qu'elle ouvrait la fenêtre, n'étaient-elles pas toutes autres ?

Elle l'ignorait,et, d'un pas extraordinairement guidé, se dirigea vers la porte de l'auberge, pour disparaitre...
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MessagePosté le: 26 Juil 12:53    Sujet du message: Répondre en citant

La solide porte en bois s’ouvrit d’un seul coup, allant claquer sèchement sur le mur de pierres.

- « Pouah ! Ca sent encore l’homme dans cette geôle ! »

Tu penses qu’il est mûr ? Ou on le laisse encore mijoter un peu ? On pourrait peut-être s’amuser avec lui, hein ? »

Ferme la, tu veux ! On n’est pas là pour rigoler, on va le secouer juste ce qu’il faut pour qu’il soit docile…. Après tout, il est des nôtres maintenant.
Toi, mets ces hardes et suis nous !
».

Les instructions du diplomate avaient été claires et précises : « Qu’on me l’amène en bon état ! ».

Pieds et poings liés, Beonir était contraint de suivre ses geôliers qui n’hésitaient pas à faire claquer leur fouet afin de l’inciter à ne pas rechigner.

Hagard, les yeux dans le vague, le voleur ne semblait guère s’interroger sur la justification de sa présence en ces lieux. Sa seule question était de savoir pourquoi on l’avait attaché…
Etait-il devenu dément ? Avait-il occis quelques uns de ses proches dans un moment de fureur ? Avait-il été capturé par quelque groupe de marauds troglodytes en quête d’une rançon ? Il n’en avait aucune idée.

Ce qui était sûr c’est qu’il ne reconnaissait nullement les lieux et que l’air avait une odeur souffreteuse.

Après avoir déambulé dans un nombre impressionnant de couloirs taillés à même la roche, le trio se présenta devant une lourde porte noire aux ferronneries subtilement ouvragées et firent face à deux molosses lourdement armés.

Le plus hardi des deux cerbères s’avança vers l’une des sentinelles et annonça : « Ouvrez la porte ! Nous amenons le prisonnier ! ».

D’un geste, le garde fit basculer la poutre qui verrouillait le porche, et fit pivoter le battant vers l’intérieur de la pièce.
La vue s’ouvrit sur une large grotte, richement décorée de tentures représentant principalement des scènes de meurtre et de pillage.
Ca et là, des feux étaient allumés dans des torchères. La lumière des flammèches dansait sur les murs et les plafonds.
L’attention de Beonir fût rapidement attirée par l’une des tapisseries représentant un paysage de forêts surplombé d’une majestueuse forteresse.
Il eut la brève impression d’avoir déjà vu ce paysage quelque part. Mais où ?

A peine son regard avait-il quitté la draperie, qu’il fût brutalement poussé en avant au centre d’un immense pentacle tracé avec de l’or brut. Les carreaux de marbre noir, blanc et rosé qui le formaient donnaient au sol l’aspect d’une gigantesque marqueterie qui aurait été réalisée par les meilleurs marbriers de ces terres.

Agenouillé, il comprit qu’il allait être fixé sur son sort.

Une voix de stentor résonna dans l’excavation naturelle :
- « Beonir, sois le bienvenu en ces lieux !
Tu te demandes probablement ce que tu fais ici, à Pandora ! Ne t’inquiètes pas, tu auras bientôt des réponses…
».
L’orateur s’avança dans la lumière.
Il était bien plus grand que lui. Son corps était de la couleur du rubis.
Son torse nu faisait ressortir des muscles saillants que l’on aurait dit recouverts de fines écailles.
Au dessus de la volumineuse barbe noire, deux yeux perçants le dévisageaient, tels les yeux d’un chat. Fentes malignes.
- « La raison de ta présence devant moi est toute simple. Je voulais te proposer un marché tout à fait équitable.
Je te propose de rejoindre les légions démones et, tout particulièrement, la coterie des pillards.
Nous avons grand besoin de fonds pour financer nos attaques, et accessoirement pour défendre nos terres.
J’ai ouï dire que tu avais certaines prédispositions pour la rapine.
Aussi, je te propose de te mettre à mon service afin d’œuvrer pour la grandeur de Diablo.
Qu’en dis tu ?
»

Le voleur avait beau avoir perdu la mémoire, ses facultés mentales ne semblaient toutefois pas altérées. Il répondit : « Vous m’avez parlé d’un marché ! Or, vous n’avez évoqué aucune contrepartie à mes services… Est-ce là votre façon de marchander ? »

- « Hoho Messire Beonir, je m’attendais à cette réplique !
N’avez vous jamais rêvé de grandeur ? De pouvoir vous offrir tout ce qui vous fait envie : nourriture, armes, femmes, et autres objets de fantaisie ? D’être adulé par vos pairs pour vos actes de bravoure ?
Hé bien tout ceci, je vous l’offre ! Il vous suffit de rejoindre notre armée !
Cela vous suffit-il ?
», s’inquiéta le diplomate sans se départir du petit sourire qui n’avait pas quitté son visage depuis le début de la discussion.

- « Et les réponses à mes questions ? Quand les aurais-je ? », s’enquit le voleur.

- « Lorsque vous m’aurez prouvé que vous êtes digne de confiance, et que j’aurais estimé que vous avez suffisamment rempli nos coffres », s’agaça nerveusement son interlocuteur.

- « Et si je refuse ? »

- « Alors vous mourrez ! »

A choisir entre vivre ou mourir, les perspectives d’issue favorable étaient décidément bien minces.
Beonir ne voyait aucun intérêt pour lui d’accepter la proposition formulée par le diplomate démon.
Il ne rêvait pas de luxure et de reconnaissance. Il ne rêvait pas d’ailleurs, tout simplement.
Il voulait juste savoir….

Il décida de gagner du temps et, avec le temps, la confiance de ce mentor.
Un jour viendra, peut être, où les temps seront plus cléments.

Il toisa longuement le chef des hordes démones puis, en signe de soumission et d’acceptation, baissa la tête….
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MessagePosté le: 31 Juil 8:51    Sujet du message: Répondre en citant

Au gré des semaines, Beonir partageait le quotidien de ses nouveaux acolytes, tous plus vils les uns que les autres, fieffés sournois, fourbes irascibles, brigands cruels, avec, tout de même, dans le lot quelques « bons barbares ».

Les voleurs démons, quoique peu nombreux, et contrairement au reste de la horde, vivaient en surface, dans un campement aménagé autour des ruines de ce qui semblait être une ancienne chapelle dédiée à Thor, comme en témoignait encore l’unique vitrail qui avait résisté aux assauts du temps – relique provocante à la grandeur de Diablo.

Autour de cette chapelle, de petites huttes, faites de branches enchevêtrées et consolidées avec un magma boueux, offraient un abri suffisant pour chacun des membres de cette bande.

Leur positionnement, à l’extérieur des souterrains de Pandora, leur permettait non seulement de quitter les lieux rapidement, mais aussi de s’accoutumer à la rigueur du climat ; climat dont ils subissaient les contraintes lorsqu’ils partaient en quête d’or, parfois durant plusieurs jours.

Beonir s’était rapidement accommodé de leur condition et, bien que personne ne connaisse son origine, son intégration n’avait fait aucune difficulté. Peut-être en était-il ainsi de chacun d’entre eux ?
Ses aptitudes avaient été rapidement reconnues et lui-même manifestait rapidement un certain entrain à participer aux discussions du groupe.

Après avoir rançonné bon nombre de marchands, apportant ainsi, outre des pièces d’or, de quoi se sustenter pour plusieurs semaines, le groupe fut convoqué par le diplomate démon qui lui ordonna de se rendre à la montagne, afin de mesurer la richesse du trésor béonide et, autant que possible, d’en détourner quelques liards.
Certains oracles auraient auguré que leur fortune était absolument prodigieuse et il n’en fallait pas plus pour inciter à l’organisation d’une campagne de brigandage.

De retour au camp, les voleurs s’attelèrent à préparer leur paquetage, composé essentiellement de viande séchée ( qui ne valait assurément pas la chair fraîche ), d’une ou deux potions d’invisibilité, précieuses alliées lorsqu’il s’agissait d’agir en toute discrétion, mais aux effets dont la durée s’avérait extrêmement aléatoire, et surtout de potions de célérité, toujours utiles lorsque la délicatesse de la situation rendaient une fuite impérative.
Ils se mirent immédiatement en route, prenant vers l’Est une fois qu’ils eurent quitté la sphère pandorienne, avec pour objectif le temple de leurs ennemis, à moins d’une journée de marche.

Grâce aux appréciables indications tirées de l’étude de la prédiction, le fortuné sanctuaire avait pu être localisé deux jours auparavant par un éclaireur, chevauchant un griffon.

Au fil des heures de marche, le paysage commençait à changer.
Peu à peu, les plaines désertiques laissaient place à de petites collines, puis à des monts brumeux. L’air sec, chargé de soufre, fut lentement remplacé par un air chargé d’humidité. Les cailloux étaient devenus terre, puis boue, rendant plus délicate leur progression vers le territoire béonide.

Tandis que le soir s’annonçait, le petit groupe fit une halte sous une corniche de pierre.
Le temple béonide n’était plus qu’à quelques kilomètres.
L’intrusion au sein du bâtiment impliquait un minimum d’organisation, faute de quoi leur opération serait vouée à l’échec.
Ils décidèrent de se disperser dès à présent, tout en veillant à ce que chacun d’entre eux conserve un contact visuel avec le ou les membres du groupe qui l’avoisinait. Ceci permettrait d’agir de concert, sans toutefois permettre à une sentinelle éventuellement embusquée de songer à la présence d’un groupe.
Ils progressaient lentement, habitués qu’ils étaient à se fondre dans leur environnement, à déployer leurs membres posément, de manière féline, faisant en sorte de ne pas émettre le moindre son.
La nuit enveloppait désormais chaque élément de son voile sombre tandis qu’il poursuivaient leur avancée.

Le temple était enfin en vue. Un garde venait de remonter l’allée centrale avec une torche à la main, avant de disparaître dans une anfractuosité rocheuse qui était vraisemblablement l’entrée. De prime abord, à l’extérieur, il n’y avait personne.
Comme convenu, ils saisirent leurs fioles jaunâtres, contenant le précieux philtre d’invisibilité, et burent tous d’un trait ce breuvage au gout particulier, signal du départ vers le paradis des marauds.

Désormais, chacun était livré à lui même et n’aurait connaissance de la présence des autres que par les exactions dont il serait témoin, jusqu’à ce que les effets de la potion s’estompent puis disparaissent.
Ainsi, Beonir avait pu s’apercevoir qu’il n’avait pas été le plus prompt à pénétrer le sanctuaire lorsqu’il vit, cinq mètres devant lui, un garde béonide, s’effondrer dans une mare de sang, la gorge tranchée par un fil mystérieux, sans avoir eu le temps de s’en apercevoir.

Il en fut ainsi des quelques factionnaires qui étaient chargés de la défense des religieux habitant ces lieux.
En quelques minutes, la voie était libre.
Il n’y avait plus qu’à se servir !

Le trésor du peuple béonide se trouvait effectivement entassé au milieu d’une immense nef naturelle.
L’intérieur du temple semblait avoir été façonné avec une minutie toute particulière.
Des colonnes délicatement ouvragées et dentelée s’élevaient à une vingtaine de mètres de hauteur. Elles soutenaient des arcs finement moulurés, taillés en pleine roche.
Au fond du temple, une impressionnante statue du Dieu Garyth, dominait un autel sacrificiel, qu’elle semblait protéger d’un bras providentiel.

Jamais il n’avait été donné au voleur de contempler une telle profusion d’or et de joyaux. Il sentait l’ivresse le gagner ; ivresse accompagnée d’une profonde frustration tant il apparaissait comme évident qu’ils ne parviendraient jamais à ramener tout cela à Pandora.
Il leur fallait se ressaisir rapidement car, dès le lever du jour, la garde serait probablement relevée et l’alerte serait donnée, annihilant toute possibilité de fuite avec une partie de leur formidable découverte.
En outre, il se doutait que les béonides n’étaient pas nés de la dernière pluie et qu’ils ne manqueraient pas, soit de renforcer leur surveillance dans et autour du temple, soit de déplacer leur trésorerie.

Or, tous les démons étaient encore sous l’effet du philtre, au grand dam des prêtres béonides qui tombaient les uns après les autres.
Il ne pouvait qu’attendre, encore quelques minutes, normalement.

C’est alors qu’il entendit un gémissement, suivi d’un râle d’agonie, puis d’un soupir.
Beonir, contourna le pilier qui soutenait la voûte et vit un prêtre béonide, allongé sur le dos, une plaie béante au niveau du thorax, laissant apparaître la blancheur sanguinolente de ses côtes mises à nu.
Il s’en approcha et s’agenouilla afin d’abréger ses souffrances.

Bien qu’il soit toujours sous l’effet de l’aura d’invisibilité, le religieux saisit Beonir par le poignet et, tandis que ses yeux se révulsaient, lui dit distinctement :
- « Homme, tu n’es point celui que tu crois être ! Ton apparence n’est pas celle de ton cœur ! Fuis et rejoins les tiens ! La jeune magicienne te cherche…N’oublie pas d’inverser le silence »
Puis il ajouta, en détachant chacun des mots, : « Prends….ceci….pour….te….guider…. », tout en levant sa main gauche.
Une gemme translucide, sertie sur un anneau d’argent, scintillait faiblement.
A peine ces mots prononcés, les paupières du vieil ecclésiastique se fermèrent subitement et le dernier souffle de vie le quitta imperceptiblement.

Le voleur resta un bon moment aux côtés du prédicateur, profondément troublé par ce qu’il lui avait dit et sur la signification de ce présage.
Comment avait-il pu sentir sa présence ? Pourquoi s’était-il adressé à lui en ces termes ?

- « Beonir, cesse de t’apitoyer ! Tu vois bien qu’il est mort ! », grogna une voix derrière lui. « Dépêche-toi, nous devons emmener tout ce que nous pouvons et partir au plus vite. »

Il acquiesça et, tout en se relevant, prit soin de faire glisser la gemme du doigt du prêtre, puis il l’enfonça dans la fente de sa ceinture ; accessoire essentiel du tire-laine.
Il n’avait même pas remarqué que la potion avait cessé d’agir.

Beonir rejoint ses acolytes, tous redevenus également visibles, qui s’affairaient à la construction d’un brancard de fortune, à partir de deux poutrelles de chêne et d’une peau de vache, tendue entre les deux et cousue sommairement de part et d’autre.

Ils chargèrent la civière d’autant d’or qu’elle était capable de contenir et qu’eux-mêmes étaient en mesure de porter, puis ingurgitèrent chacun une potion de célérité, afin de réduire la durée de leur trajet de retour.

- « On aurait pu emmener des potions de force, non ? », osa l’un d’entre eux.
- « Tais-toi et lève ! », le calma le plus vieux.

Dans un effort suffisant, ils soulevèrent le bard et se mirent en route. Silencieux et satisfaits.

Seul Beonir ressassait les paroles prophétiques, tentant vainement de les déchiffrer.
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MessagePosté le: 12 Nov 20:33    Sujet du message: Répondre en citant

Le trajet de retour fut d’autant plus prompt que les membres de la bande ne cessèrent d’évoquer la facilité avec laquelle ils avaient pénétré le temple béonide et la façon dont chacun avait ôté la vie à ces êtres enfantés d’une union maudite ; sans parler des réjouissances déjà imaginées et qui ne manqueraient pas d’être organisées devant la majesté de leur butin.

A peine entrés dans Pandora, ils s’enquirent de faire quérir le diplomate afin de lui dévoiler le résultat, ô combien satisfaisant, de leur pillage.

- « Diable ! C’est tout simplement prodigieux ! Pour ne pas dire miraculeux ! ». Puis, s’adressant à un démon d’âge mûr, qui se tenait légèrement en retrait : « Beelmeth, va vite réveiller les cuisiniers. Qu’on prépare immédiatement un banquet digne de nos braves ! Autant de vaillance et d’abnégation doivent être récompensées.
Et, en revenant, réveille le prédicateur. Demande lui de venir me voir dès demain, aux aurores. Je souhaite qu’il me lise les augures. Elles nous semblent clémentes. Va !
».
Le subordonné s’inclina brièvement devant son doge et fit demi-tour afin d’exécuter au plus vite les ordres reçus.

- « Mes frères, asseyons nous et racontez moi ! ».
D’un mouvement ample, il les invita à prendre place dans une grande salle circulaire, richement décorée, au centre de laquelle, à nouveau, un gigantesque pentagramme était tracé à même la pierre.

Les murs étaient drapés de tentures rouges et pourpres et agrémentés, ça et là, de tableaux aux motifs infernaux.
Le mobilier, en ébène brute, conférait à la pièce une dimension morbide à souhait ; d’autant que les gravures qui ornaient armoires et chaises disposées autour ne représentaient que diables, harpies, hydres et autres chimères.
Derrière la place du maître des lieux s’ouvrait une arcade dans laquelle trônait une statue de grès rose figurant Diablo, que l’on avait pris soin d’installer sur un monticule de crânes humains, soigneusement ramassés sur le champ d’une ancienne bataille.

En moins d’une heure, une immense table, en ébène également, fut dressée en vue de permettre aux voleurs, radieux, de fêter leurs prouesses de la façon la plus digne qui soit.

Leur stratège les observa longuement avec un sourire entendu, s’attardant sur chaque visage afin de prendre la mesure de leur investissement lors de la prochaine sollicitation dont ils feraient l’objet.

Beonir, bien que cherchant toujours à décrypter le sens du message délivré par le prêtre, s’efforçât de faire bonne figure et de ne rien laisser transparaître de ses tergiversations.
Il aurait le temps d’y réfléchir, plus tard !
Et, comme ses acolytes, il se mit à dévorer : poules, marcassins, faisans, préparés et cuisinés avec un certain raffinement, tandis qu’un cuissot d’équidé rôtissait dans l’âtre, sur une broche qui tournait lentement, actionnée qu’elle était par une petite roue à aube, soudée sur l’axe, sur laquelle se déversait un filet d’eau régulier. Un cuisinier l’arrosait régulièrement de jus afin d’en préserver le moelleux.

Le repas s’éternisa jusqu’à ce que rires et chants s’éteignent peu à peu, et que les fêtards regagnent leur campement, au prix de plus ou moins d’efforts.

Tandis que, vautrés ou avachis, ses camarades s’endormaient rapidement, ronflant grassement comme pour rappeler à quel point ils étaient repus, Beonir réfléchissait : Pourquoi m’a-t-il appelé « Homme » ? Qui est cette magicienne ? Inverser le silence, comment ? Et pourquoi cette bague ?
Autant de questions et aucune réponse …
Peut-être qu’il ne s’agissait que du délire d’un mourant.
A moins que ceci puisse tout de même avoir une signification. Mais, dans ce cas, par où commencer ?
Rapidement, la seule évidence qui lui sautait aux yeux était qu’il trouverait la clé ou, du moins, l’une des clés de cette énigme en se rendant dans un lieu très bruyant.
Inévitablement, il en était persuadé, quelque chose allait se passer.

Apaisé qu’il était par cette réflexion, il rejoint ses voisins dans les bras de Morphée, pour un sommeil qu’il espérait réparateur.

Le jour s’était levé depuis plusieurs heures lorsqu’il ouvrit un œil, puis l’autre.
Se remémorant sa résolution de la veille, il se leva d’un bond, s’aspergea le visage avec de l’eau qui se trouvait dans un baquet à l’entrée de sa cahute, enfila ses chausses et partit en courant en direction de la forge.
Machinalement, il porta sa main à sa ceinture afin de s’assurer de la présence de l’anneau qui lui avait été confié.

Arrivé à l’entrée de la forge, il s’arrêta, sortit la bague et l’enfila à son annulaire, en prenant bien soin de la tourner pour faire en sorte que la gemme se trouve dans la paume de sa main. Puis, résolu, il entra.

Pour quelqu’un qui cherchait à inverser le silence, Beonir fut immédiatement servi. Le vacarme était assourdissant.
De lourds marteaux de fonte, mus eux aussi par un ingénieux et complexe système d’engrenages actionnés par des forces hydrauliques, frappaient en alternance sur de gigantesques enclumes.
Les démons utilisaient l’énergie tirée des sources qui se déversaient dans les puits naturels du corps de la montagne pour se soulager de certaines tâches des plus pénibles.
Les braises étaient constamment entretenues par d’énormes soufflets fonctionnant sur le même principe que les marteaux, tandis que des apprentis alimentaient régulièrement les foyers en bois.
Ainsi les forgerons n’avaient plus qu’à se consacrer à la noblesse de leur art.

Le voleur s’avança au cœur de la forge et s’approcha au plus près d’un marteau.
Il choisit celui qui avait le rythme de martèlement le plus rapide.
Il reconnut Ar Angar, qu’il avait déjà rencontré lorsqu’il était venu passer commande d’une dague, et le salua d’une tape amicale dans le dos.
L’artisan lui répondit d’un clin d’œil appuyé, lui signifiant qu’il avait déjà eu vent de leurs exploits.

Tandis que ce dernier poursuivait son ouvrage, Beonir entrouvrit la paume de sa main afin de constater la réaction éventuelle de la bague : rien ! Elle était toujours aussi terne ; comme si un ciel couvert y avait été emprisonné.

Contrarié, et sans prendre la peine de saluer le forgeron, il décida de s’en retourner chez lui avec l’idée de répertorier précisément les pistes qui seraient à explorer…
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MessagePosté le: 18 Nov 15:52    Sujet du message: Répondre en citant

De retour dans son abri, le voleur saisit instinctivement sa besace pour en sortir plume et encre. Il attrapa un morceau de parchemin, qui traînait dans le fourbi amassé peu à peu, puis se mit à y retranscrire frénétiquement le message délivré par le prêtre béonide.
A force de le ressasser, il le connaissait par cœur.
Il entoura certains mots : « Homme », « fuis », « rejoins les tiens », « jeune magicienne », puis « inverser le silence ».
A chaque expression son interrogation !
En dessous du dernier groupe de mots, il mentionna « bruit » puis le barra d’une croix. Cette voie n’était manifestement pas la bonne.

Il demeura longtemps penché sur la feuille, jaugeant chaque terme, tentant de décortiquer chaque phrase pour en tirer la quintessence et caresser l’espoir d’entrevoir une réponse à ses questions.
L’inspiration lui manquait ! Il ne comprenait pas ce qu’on attendait de lui …

Brusquement, un des membres de la guilde fit irruption dans l’unique pièce de sa demeure.
- « Beonir ! Le diplomate nous demande immédiatement. Je crois qu’on va avoir le droit d’aller faire une petite promenade, si tu vois ce que je veux dire … Allez, amène-toi ! »

Alors qu’il venait de gratifier son camarade d’un bref « J’arrive ! », le voleur se mit à griffonner, presque inconsciemment, le mot « SILENCE », puis à en inverser les lettres.
Dubitatif, il observa le résultat : « ECNELIS ».
Puis, dans un murmure interrogatif, il prononça successivement chaque syllabe « EC……NE……LIS ? ».

La gemme se fit soudainement plus chaude dans sa main.
Il écarta les doigts et, ô miracle, la pierre avait pris une teinte bleutée, pour ressembler, durant plusieurs secondes à une topaze, avant de retrouver, progressivement, sa couleur de ciel chargé.
Eberlué par ce qu’il venait de voir, il répéta à nouveau « Ecnelis » et le surprenant phénomène se reproduisit à chaque fois.

Enfin ! Il avait résolu une partie de cette mystérieuse énigme, sans être tout à fait satisfait pour autant car il ne percevait nullement quelle pouvait être la signification de ce mot.
« Ecnelis ? » Qu’est ce que ça pouvait bien vouloir dire ? Etait-ce une personne, une ville, une clé ?
Il était bien avancé : un logogriphe répondait au mystère initial !

Emergeant de ses songes, il se remémora qu’il était attendu et prit la décision de partir sans plus attendra pour éviter de s’attirer les foudres de son chef.

- « Mes frères ! Comme vous le savez, j’ai demandé à notre nécromancien de me dire les présages. Il m’a indiqué que la conjonction de Ehl'natkh et de Rasehl'gul nous est des plus favorables.
Aussi, je vous charge de dérober Deot, l'armure où est enfermé le pouvoir de Baal , le frère de Diablo, et qui se trouve entre les mains des hommes.
Nos informateurs nous ont rapporté que ces derniers organiseraient un convoi pour l’acheminer, sous bonne escorte, depuis leur temple jusqu’à leur forteresse.
Attaquez les ! Dérobez leur Deot et ramenez le moi !
Vous serez largement récompensés si vous y parvenez. Sinon ….
»
Il n’acheva pas sa phrase et personne ne souhaita en connaître la fin tant elle paraissait évidente.
« J’ai demandé à nos alchimistes de renouveler votre stock de potions. Tout est là dedans ! », poursuivit-il en tendant une gibecière en cuir en direction de Zoubeb.
« Vous vous rendrez sur place par le monolithe. Nos sorciers se sont appliqués depuis ce matin à le recharger suffisamment en mana afin de permettre le passage de vous tous.
Pour vous récompenser de vos derniers exploits, j’ai fait préparer une carriole, qui doit déjà vous attendre à votre camp.
Allez maintenant !
Que Diablo vous apporte son soutien et surtout, ne me décevez pas !
».

Sans mot dire, le groupe fit demi-tour et, après quelques préparatifs, rapidement achevés, grimpa dans le chariot qui devait les acheminer jusqu’au lieu de leur prochaine téléportation.
Le voyage fût extrêmement calme puisqu’aucun d’entre eux n’avait eu à utiliser ce mode de transport auparavant et que chacun se demandait , tout en veillant à ne pas trop laisser transparaître l’anxiété qui le rongeait, comment les choses allaient se passer.

Le chariot s’arrêta lentement à proximité d’une gigantesque obsidienne de forme oblongue, d’une hauteur d’environ 12 pieds, tandis que les passagers se regardaient, soucieux.
- « Allez, tout l’monde descend ! Vous verrez, c’est pas sorcier ! Hahaha ! » railla le cocher.
« Alors pour l’utiliser, c’est pas dur. Y’a des encoches en forme de mains sur le monolithe. Vous y mettez vos pognes et vous poussez d’un coup sec. Si j’me souviens bien, on peut s’y mettre à cinq d’un coup. Allez, allez ! »

Les marauds descendirent, sans oublier leurs sacs, et s’approchèrent du roc sans réel entrain.
Les cinq premiers se placèrent tout autour, en prenant soin, conformément aux instructions de leur chauffeur, de placer leur mains dans les empreintes blanches qui semblaient comme moulées dans la pierre.
L’un d’entre eux décompta : 3……..2………1…….0 et tous poussèrent d’un seul homme.
Le monolithe se mit à vibrer puis s’enveloppa d’éclairs bleutés.
Aux crépitements se mêla un vrombissement croissant, graduellement remplacé par un sifflement de plus en plus aigu puis un « WOOOSSCH ! », bref, engloutit tout ce qui était en contact avec le téléporteur et, enfin, le calme absolu : Les cinq démons se trouvaient désormais dans un autre monde.
« J’ai oublié de leur dire que l’arrivée était plutôt rude …. » compléta leur guide. « Allez, vous savez comment faire. Moi je rentre au bercail ! ». Et il fit claquer les rênes de l’attelage.

Beonir, guère rassuré par le spectacle auquel il venait d’assister, et par les précisions complémentaires qui venaient de leur être apportées, posa ses mains sur le monolithe.
Mêmes effets, puis le « WOOOSSCH ! ».
Il se sentit soulevé de terre.
Son corps tout entier semblait comme plaqué, écrasé par une force invisible.
Ses membres lui donnaient l’impression d’être étirés.
L’espace d’un instant, il eût l’impression de tournoyer, puis,…., un grand choc.
Il respira profondément, dans un réflexe destiné à vérifier s’il était toujours en vie. Une douce odeur d’humus et de feuilles séchées réveillèrent sa mémoire olfactive. Il était dans un bois.

Tout en s’époussetant rapidement, il jeta un regard alentour et aperçût ses compères, tous un peu déboussolés par cet étrange voyage.
Zoubeb se tenait la tête entre les mains : il avait fait partie du premier trajet et n’avait, par conséquent, pas pu anticiper l’atterrissage ; si bien que l’ensemble des fioles contenant les potions était brisé.

Il leur faudrait agir à visage découvert et ils devraient se débrouiller pour assurer leur retour à Pandora…
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