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[labamba]

L’onanisme autobiographique m’est encore si étranger que je songe à ce qui me pousse à écrire ces quelques lignes. À quitter mes chiens de garde pour deverser une suite de runes qui ressemblent à des milliers d’autres, même ton convenu, même temps convenu, imparfait, simple. Je hais les relations héroïques. Et pourtant, je m’apprête à raconter mes exploits. J’espère ne pas rencontrer l’enthousiasme inexplicable que suscite en général ce type de récit. J’espère au contraire réveiller l’esprit critique qui trop souvent abandonne le lecteur avide d’aventures. C’est un métier que d’être auto-hagiographe, métier qui consiste non pas à faire des comptes-rendus de ses propres expéditions dangereuses, ni à révéler au terme d’années de vadrouille des faits restés inconnus ; mais à déverser à une foule de lecteurs des platitudes et des banalités qui sembleront prodigieusement transformées en exploits pour la seule raison que l’auteur les aura consacrées sur un parterre de métaphores d’un prosaïme sans bornes.

Je ne prétends pas au lyrisme, loin de là. Encore moins captiver le lecteur grâce à des artifices rhétoriques ne servant qu’à masquer la minceur anorexique de mes aventures. Je te rassure cher ami, ça ne sera pas long. De toute façon, je préfère t’éviter (et m’éviter) le tourment de ma prose précaire.

Je ne sais pas où labamba naquât, d’ailleurs, nul n’a conscience de son déboulage sur Gaïa. Les gens se ressemblent et se suivent, ils errent. Mes aventures, comme souvent, survinrent au cours de mes errances, ce qui me semblût étrange, eu égard à la propension qu’ont celles-là à se pointer sur des entrefaites. Je suivais, à l’époque, un corbeau noir qui me demanda de choisir entre trois camps, deux qui ne me plaisaient pas et un autre qui me déplaisait. Je lui disât que finalement j’étais dans l’impossibilité de faire un choix. Ce à quoi il m’a retorqué d’un ton froid et tranchant comme le diamant : « t’as raison, d’toute façon c’est des cons » et il s’empressît de me proposer un quatrième choix. À la suite de cette rencontre alors que le ciel tempêtait orageusement, j’entreprendîmes un périple en terre inconnue (périple que j’entreprendît en dansant, d’où mon surnom).

Arrivé au pied de la Montagne, je m’avançit à pas feutrés à la rencontre de mes nouveaux compagnons. Je ne fus pas déçu de mon choix car ils m’acueillârent fort chaleureusement dans leur havre de pets (cela est rarement répété par les voyageurs, mais la digestion du cuissot n’est point chose aisée). Bien que me plaisant parmi eux, je m’éloignâtes peu à peu de la Montagne, cela dût être dû à la taciturnité de mon caractère qui n’a d’égal que la placidité des mers de Yaeth. Bref, je divague.

« Vague » m’exclamé-je ! À la suite de ce calembour spontané, je me suis dit qu’il estoit peut-être temps de parcourir le monde afin de mettre en pratique le métier que j’avais choisi : magicien. Je suis un magicien raté. Mais cela, peu de gens le savent. Pas un magicien raté de ceux qui ne connaissent qu’un sort dont dépend le salut du monde. Non. Je connais plein de sorts mais ils ne sont toujours qu’à un quart réussis (et presque toujours à trois quarts ratés). Je pense que mon handicap majeur vient du fait que je ne porte pas de capuche, je ne suis ni preux ni mystérieux, je ne fréquente pas les tavernes où l’hypocras coule à flots sur un sillon de guerriers au faciès balafré, à la tessiture peu cordiale et habillés en chenilles (que le lecteur veuille m’excuser ce piètre dérapage). Ce qui d’après un manuscrit ancien dont beaucoup de gens ignorent l’existence, constitue un handicap majeur à l’exercice de la magie.

Je perséverît dans ma voie de magicien avec l’alacrité qui caractérise le nouveau diplômé, j’affrontis de ennemis de plus en plus puissants, Noub, Graunoub et même le noble Graunoub de Neuftrois (on reconnaît les nobles à leur patronyme à particule). Petit à petit, je devenût de plus en plus puissant. Ce qui dans mon cas revenait à rater mes sorts de plus en plus puissamment. Je sentais de plus en plus l’appétence atavique à l’origine de ma violence inouïe, ma brutalité manifeste et le goût pour le combat sort-à-corps, s’en aller de jour un jour.

C’est alors qu’il prit la décision de devenir médecin, décision qui lui avait été soufflée moins par sa conscience et sa volonté que par un dessein divin qu’il ne parvenait pas à cerner. Une fois sa vocation en tête, il s’en alla en dansant rejoindre ses camarades à la Montagne...

Et l’ami, je te signale que c’est moi le narrateur et que t’as pas le droit d’étaler tes talents d’écrivain sur MON récit. Alors ton suspens à deux pos que tout le monde voit venir avec tes trois petits points tu te le gardes. Merci.

Je disais donc qu’un jour je décidâtes de revenir à la Montagne pour accomplir un destin. Un destin décidé à l’avance par Garyth un jour de beuverie. Les hasards du ciel aidant, ce jour-là le tonnerre tonnait tel le croassement d’un corbeau qui retentit dans la vallée annonçant un malheur certain à venir. Je traîna mes guêtres par les sentiers fangeux aux odeurs de cytise qui conduisent à la Montagne. J’y fus bien accueilli, j’y revis mes compagnons des premières heures. Ma détermination n’en accrut qu’encore plus, je le savais au plus profond de moi, ma vocation était celle de me saigner corps et âme pour eux. C’est ainsi que je suis devenu médecin...*

* Enfin de compte, les points de suspension sont plutôt un bon procédé rhétorique contrairement à ce que j’avais pu voir dans les papyrus à deux pos qu’on achète lors de voyages en carrosse.
_________________
Élève à l'école ryussonière

Chevaliers du cosmos, nouvelle partie : www.chevaliersducosmos.com

[labamba]

L’onanisme autobiographique m’est encore si étranger que je songe à ce qui me pousse à écrire ces quelques lignes. À quitter mes chiens de garde pour deverser une suite de runes qui ressemblent à des milliers d’autres, même ton convenu, même temps convenu, imparfait, simple. Je hais les relations héroïques. Et pourtant, je m’apprête à raconter mes exploits. J’espère ne pas rencontrer l’enthousiasme inexplicable que suscite en général ce type de récit. J’espère au contraire réveiller l’esprit critique qui trop souvent abandonne le lecteur avide d’aventures. C’est un métier que d’être auto-hagiographe, métier qui consiste non pas à faire des comptes-rendus de ses propres expéditions dangereuses, ni à révéler au terme d’années de vadrouille des faits restés inconnus ; mais à déverser à une foule de lecteurs des platitudes et des banalités qui sembleront prodigieusement transformées en exploits pour la seule raison que l’auteur les aura consacrées sur un parterre de métaphores d’un prosaïme sans bornes.

Je ne prétends pas au lyrisme, loin de là. Encore moins captiver le lecteur grâce à des artifices rhétoriques ne servant qu’à masquer la minceur anorexique de mes aventures. Je te rassure cher ami, ça ne sera pas long. De toute façon, je préfère t’éviter (et m’éviter) le tourment de ma prose précaire.

Je ne sais pas où labamba naquât, d’ailleurs, nul n’a conscience de son déboulage sur Gaïa. Les gens se ressemblent et se suivent, ils errent. Mes aventures, comme souvent, survinrent au cours de mes errances, ce qui me semblût étrange, eu égard à la propension qu’ont celles-là à se pointer sur des entrefaites. Je suivais, à l’époque, un corbeau noir qui me demanda de choisir entre trois camps, deux qui ne me plaisaient pas et un autre qui me déplaisait. Je lui disât que finalement j’étais dans l’impossibilité de faire un choix. Ce à quoi il m’a retorqué d’un ton froid et tranchant comme le diamant : « t’as raison, d’toute façon c’est des cons » et il s’empressît de me proposer un quatrième choix. À la suite de cette rencontre alors que le ciel tempêtait orageusement, j’entreprendîmes un périple en terre inconnue (périple que j’entreprendît en dansant, d’où mon surnom).

Arrivé au pied de la Montagne, je m’avançit à pas feutrés à la rencontre de mes nouveaux compagnons. Je ne fus pas déçu de mon choix car ils m’acueillârent fort chaleureusement dans leur havre de pets (cela est rarement répété par les voyageurs, mais la digestion du cuissot n’est point chose aisée). Bien que me plaisant parmi eux, je m’éloignâtes peu à peu de la Montagne, cela dût être dû à la taciturnité de mon caractère qui n’a d’égal que la placidité des mers de Yaeth. Bref, je divague.

« Vague » m’exclamé-je ! À la suite de ce calembour spontané, je me suis dit qu’il estoit peut-être temps de parcourir le monde afin de mettre en pratique le métier que j’avais choisi : magicien. Je suis un magicien raté. Mais cela, peu de gens le savent. Pas un magicien raté de ceux qui ne connaissent qu’un sort dont dépend le salut du monde. Non. Je connais plein de sorts mais ils ne sont toujours qu’à un quart réussis (et presque toujours à trois quarts ratés). Je pense que mon handicap majeur vient du fait que je ne porte pas de capuche, je ne suis ni preux ni mystérieux, je ne fréquente pas les tavernes où l’hypocras coule à flots sur un sillon de guerriers au faciès balafré, à la tessiture peu cordiale et habillés en chenilles (que le lecteur veuille m’excuser ce piètre dérapage). Ce qui d’après un manuscrit ancien dont beaucoup de gens ignorent l’existence, constitue un handicap majeur à l’exercice de la magie.

Je perséverît dans ma voie de magicien avec l’alacrité qui caractérise le nouveau diplômé, j’affrontis de ennemis de plus en plus puissants, Noub, Graunoub et même le noble Graunoub de Neuftrois (on reconnaît les nobles à leur patronyme à particule). Petit à petit, je devenût de plus en plus puissant. Ce qui dans mon cas revenait à rater mes sorts de plus en plus puissamment. Je sentais de plus en plus l’appétence atavique à l’origine de ma violence inouïe, ma brutalité manifeste et le goût pour le combat sort-à-corps, s’en aller de jour un jour.

C’est alors qu’il prit la décision de devenir médecin, décision qui lui avait été soufflée moins par sa conscience et sa volonté que par un dessein divin qu’il ne parvenait pas à cerner. Une fois sa vocation en tête, il s’en alla en dansant rejoindre ses camarades à la Montagne...

Et l’ami, je te signale que c’est moi le narrateur et que t’as pas le droit d’étaler tes talents d’écrivain sur MON récit. Alors ton suspens à deux pos que tout le monde voit venir avec tes trois petits points tu te le gardes. Merci.

Je disais donc qu’un jour je décidâtes de revenir à la Montagne pour accomplir un destin. Un destin décidé à l’avance par Garyth un jour de beuverie. Les hasards du ciel aidant, ce jour-là le tonnerre tonnait tel le croassement d’un corbeau qui retentit dans la vallée annonçant un malheur certain à venir. Je traîna mes guêtres par les sentiers fangeux aux odeurs de cytise qui conduisent à la Montagne. J’y fus bien accueilli, j’y revis mes compagnons des premières heures. Ma détermination n’en accrut qu’encore plus, je le savais au plus profond de moi, ma vocation était celle de me saigner corps et âme pour eux. C’est ainsi que je suis devenu médecin...*

* Enfin de compte, les points de suspension sont plutôt un bon procédé rhétorique contrairement à ce que j’avais pu voir dans les papyrus à deux pos qu’on achète lors de voyages en carrosse.
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[labamba]

Telles les montagnes russes, les races
Ont des hauts et des bas
Comme les Dieux en décidassent
C’est au plus bas que labamba fit son choix
Dans le but avoué de servir ses compagnons
Car depuis un certain temps, un seul ennemi
Jusqu’au trognon
Les maudit.

L’exercice de ce nouveau métier
Est un exercice délicat
Car il requiert, tu le sais
Des quantités conséquentes de mana
Pour jeter les sorts
Qui peuvent libérer les corps
D’une extrême fatigue.

Tant bien que mal
Labamba essaya de rendre service
À ses compagnons de sévices
Frappés par la malédiction fatale

Mais le guérisseur fut surpris
Par une grandissante lassitude
À cause, du monde, les turpitudes
Et du grand manque de reconnaissance
De la valeur du métier qu’il choisit
Alors il pensa à continuer ses errances
En réfléchissant à une occupation
Qui lui permettrait de continuer
Les dures luttes engagées sur le tard
Et de ses ennemis la gueule défoncer

« Gueule », quel mot barbare !
Mais ça me donne des idées
De chiens maître je pourrai devenir
Envoyer mes canins sbires
Déchiqueter le bonheur des nantis
Et que leur sang soit déversé
Pour de ma race la gloire

Qui sait si un jour, labamba
Reviendra à sa première vocation
Celle qu’il avait un jour choisie
De divine inspiration

En attendant, fourriéristes de Gaïa
Surtout ne vous avisez pas
De croiser le chemin de labamba
Où il partira en courant
Sa Béoforce lui emboîtant le pas
En dansant
_________________
Élève à l'école ryussonière

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Telles les montagnes russes, les races
Ont des hauts et des bas
Comme les Dieux en décidassent
C’est au plus bas que labamba fit son choix
Dans le but avoué de servir ses compagnons
Car depuis un certain temps, un seul ennemi
Jusqu’au trognon
Les maudit.

L’exercice de ce nouveau métier
Est un exercice délicat
Car il requiert, tu le sais
Des quantités conséquentes de mana
Pour jeter les sorts
Qui peuvent libérer les corps
D’une extrême fatigue.

Tant bien que mal
Labamba essaya de rendre service
À ses compagnons de sévices
Frappés par la malédiction fatale

Mais le guérisseur fut surpris
Par une grandissante lassitude
À cause, du monde, les turpitudes
Et du grand manque de reconnaissance
De la valeur du métier qu’il choisit
Alors il pensa à continuer ses errances
En réfléchissant à une occupation
Qui lui permettrait de continuer
Les dures luttes engagées sur le tard
Et de ses ennemis la gueule défoncer

« Gueule », quel mot barbare !
Mais ça me donne des idées
De chiens maître je pourrai devenir
Envoyer mes canins sbires
Déchiqueter le bonheur des nantis
Et que leur sang soit déversé
Pour de ma race la gloire

Qui sait si un jour, labamba
Reviendra à sa première vocation
Celle qu’il avait un jour choisie
De divine inspiration

En attendant, fourriéristes de Gaïa
Surtout ne vous avisez pas
De croiser le chemin de labamba
Où il partira en courant
Sa Béoforce lui emboîtant le pas
En dansant
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