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La Prêtresse du Pommier

 
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Lusankya
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Inscrit le: 26 Aoû 2004
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Thème: Xm-Halloween (2008)
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MessagePosté le: 30 Avr 11:31    Sujet du message: La Prêtresse du Pommier Répondre en citant

Prologue

Une chape de nuages recouvrit la lune décroissante et plongea la falaise dans l'obscurité. Comme pour débuter sa chasse au plus noir de la nuit, une effraie prit son envol dans un bruissement d'ailes froissées. Le fond de l'air était chaud et humide, mais il semblait qu'aucun autre être vivant n'était là pour s'en incommoder. Pas un bruit, pas un souffle d'air ne venait troubler la paix presque mystique du lieu de rendez-vous. Les nuages glissaient cependant vers la mer, découvrant la lune un instant, dont un faible rayon tomba, comme par accident, sur un cavalier. Lentement il allait, bercé par le roulement de la marche de sa monture, le menton baissé, le visage masqué d'un chapeau aux larges bords. Sa silhouette était escamotée par un long manteau aux larges pans, dont toute couleur semblait s'enfuir. L'équipage s'arrêta devant un pan de la falaise et le cavalier démonta prestement. Il escalada la paroi, le geste sûr et le corps souple, puis s'arrêta sur une plate-forme aux angles réguliers, invisible depuis la plaine. Alors il écarta les pans de son manteau d'un geste ample, presque royal. Il se campa sur ses deux jambes, prit une profonde inspiration et tendit ses bras droit devant lui, comme pour incanter quelque sort mystérieux. Il expira bruyamment, excédé, et se déhancha langoureusement en chevrotant un « Eh, Macarena ! » des plus forcés. Aussitôt un rocher coulissa, laissant échapper la lumière d'une flamme. Au bout de la lanterne se tenait un petit homme au teint mat et aux yeux bridés, le corps engoncé dans une tenue bariolée aux accents mandchous. Les yeux pétillants et le visage rigolard, il s'effaça pour laisser entrer le danseur dont les vêtements avaient repris leur couleur rouge avec la lumière.
« La prochaine fois que tu choisis un mot de passe de ce genre, je t'assure que tu passeras la soirée aussi seul qu'un béonide propre », bougonna-t-il en entrant dans la grotte.
Le rocher coulissa de nouveau, replongeant les environs dans la nuit et le silence.
Le cortège descendit un long couloir sinueux, bordé de gouffres et de grandes bouches d'ombre s'ouvrant sur d'autres couloirs, d'où s'échappait parfois un mince filet d'air pareil à l'haleine d'un géant feignant la mort, qui faisait trembler la flamme sans parvenir à l'éteindre. Au bout de quelques minutes de marche silencieuse les deux hommes parvinrent dans une grande salle jonchée de coussins et de tapis orientaux, au milieu de laquelle trônait une petite table basse entourée de deux ottomanes. Les personnages s'allongèrent, guidés par une familiarité que seule l'habitude de l'intimité pouvait inspirer, et se tournèrent vers le jeu d'échecs posé sur le guéridon. L'homme au grand chapeau rouge déplaça un pion avant de découvrir ses canines d'un rictus ironique.
« Tu te rappelles de la proposition que tu m'avais faite, Hallaserke ?, commença-t-il. Tu disais que tu m'enverrais gratos dans ton monde si je te ramenais tes bonbons... Ca fait un moment que je me dis que j'y ferais bien un tour, mon perf commence à être usé et je ne me rappelle plus trop quel goût y a le sang...
- Pas de massacres, ça ne passe plus inaperçu. Comme je sais que tu t'y ennuieras, je te préviens, si tu ne me ramène pas au moins un tonneau de pastilles je t'y laisserai. C'est que ça demande beaucoup d'énergie, 'mvoyez, de transporter monsieur le diablotin dans un monde aussi lointain. L'or ne s'y trouve pas en grandes quantités, il n'y a que comme ça que tu pourras me dédommager un minimmum. », répondit ledit Hallaserke.
Il hasarda sa main potelée vers le plateau et avança une pièce.
« Je suis plus un chirurgien qu'un boucher, répondit le grand vampire aux longs cheveux noirs. Et arrête de faire ta sucrée, tes affaires se portent à merveille, ajouta-t-il en parcourant du regard la pièce richement ornée. C'est pas parce que tu te sapes comme un clodo que tu pourras me faire croire que t'es pauvre, ni d'ailleurs que ta magie te coûte quoi que ce soit. Tiens, j'en connais qui, s'ils savaient que le Grand Magicien fait à ce point sa pute, auraient bien envie de voir si elle assume aussi la fonction première de son métier. »
Il toisa le sorcier d'un regard narquois au-dessus de ses lunettes de soleil orange. Hallaserke se releva vivement comme piqué par un moustique imaginaire, regarda une tenture et y matérialisa une grande bouche d'ombre qui exhalait le même air venu d'ailleurs que celui qui avait manqué d'éteindre la bougie dans le couloir.
« Puisque tu le prends comme ça va-t-en maintenant, je ne vais pas perdre mon temps à jouer avec un démon qui me menace. Et peut-être que je vais vraiment t'y laisser, finalement...
- Oh mais non, tu as presque terminé ta provisions de pastilles roses... D'ailleurs je t'en prends une pour trouver plus facilement. A quoi ça sert, au fait ?, l'interrogea l'homme en rouge en s'approchant, confiant, du nouveau couloir.
- Tu auras tout le temps d'en découvrir les effets, Alucard, répondit le petit homme juste avant que l'autre ne soit plus à portée de voix. »
Hallaserke retourna près de la table où il alluma un vieux narguilé aux couleurs passées puis s'avachit pesamment sur son siège. « Dure journée ! » lâcha-t-il avant de se plonger dans la lecture d'un vieux grimoire poussiéreux, sur la couverture duquel il était inscrit en lettres torturées « Amours centaures illustrées ».
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Lusankya
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MessagePosté le: 03 Mai 15:00    Sujet du message: Répondre en citant

I.

C'est au moment précis où le pivert s'interrompit que la fillette sentit une forte odeur de brûlé en provenance de sa maison, tout en bas de l'allée. Elle cessa aussitôt d'essayer de grimper dans son arbre et traversa en courant le champ de blé, la peau des bras, des jambes et du visage fouttée au sang par les épis.
Le ciel était magnifique en ce début de printemps. Les nuages dessinaient des formes oniriques en dansant sur la musique arythmique des chants d'oiseaux, et ce délicat ballet aérien au-dessus du blond tendre des champs prodigait à l'observateur un irrépressible sentiment de sérénité. Un couple d'hirondelles traçait les lignes entremêlées de leur vol, rappelant par cette note de mouvement que le paysage n'était pas un tableau. Une forte odeur de terre, d'humus et de bitume se dégageait du sol, ultime trace de l'averse qui avait fait s'abriter la petite sous l'arbre. Aucun animal ne s'enfuyait, aucun cri, aucune note ne résonnait plus haute que l'autre, pas de mouvement. L'immobilité presque totale du décor rassurait presque la petite : après tout si un incendie se déclarait elle entendrait crier sa mère et sûrement que le camion des pompiers serait déjà là. Oui, c'était impossible, ça n'arrivait que dans les films...
De la maison il ne restait déjà que l'armature quand elle tomba à genoux devant le portail, aux pieds de l'inconnu au grand manteau rouge. Sa mère était allongée derrière lui. Ses yeux étaient vitreux, sa nuque formait un angle étrange. L'inconnu essuya la goutte de sang qui parcourait son menton. Les oiseaux pépiaient à tue-tête, entonnant un refrain assourdissant. Sa mère ne bougeait pas. La chaleur l'étourdissait. Elle n'entendait que le rythme de son coeur qui s'accélérait et le sifflement de la gueule ouverte du brasier qui, vorace, dévorait le sanctuaire de souvenirs qu'était cette petite rue au milieu des champs.
L'étranger se pencha sur elle et, le regard fiévreux de celui qui a trop bu, enfonça un doigt dans le creux de son épaule. Une douleur lancinante parcourut l'enfant, trop jeune encore pour affronter celui que déjà elle savait démoniaque, mais trop fière pour se permettre de flancher et de crier. En affrontant son regard pendant ces quelques secondes qui lui parurent sans fin, ces yeux à côté desquels le brasier même semblait pâlir, une vague de haine sans fond la submergea avec la violence soudaine d'un raz-de-marée qui rompt un barrage, et éclipsa la souffrance. Plus rien d'autre ne comptait que ce sourire carnassier, ces yeux presque animés d'une vie propre et sa propre colère. Le sourire du satan s'accentua encore quand le démon s'adressa à l'enfant, quand le rouge pervertit le blanc :
« Poursuis-moi, lui sussurra-t-il à l'oreille, traque-moi, je m'ennuie... Deviens forte, essaie de m'atteindre et peut-être baisserais-je alors à nouveau les yeux sur toi, peut-être te délivrerais-je cette souffrance éternelle que ta mère réclamait à corps et à cris quand je buvais à son artère jusqu'à ne plus sucer qu'une femme sèche et sans vie... Peut-être t'offrirais-je cette sempiternelle haine que ton père a dû éprouver quand il m'a vu la tuer, consentante et suintante de la soumission offerte que le plaisir sans limite ne peut manquer de susciter, attaché comme un chien et dévoré par les miens... »
L'inconnu se releva lentement et marcha vers le cercle d'ombre qui venait d'apparaître derrière lui. Les couleurs des arbres, du ciel, du blé et des flammes semblaient s'engouffrer en tournant d'un mouvement centripète dans le disque noir. Le monde paraissait moins lumineux, moins heureux, et tous les espoirs, toutes les joies, les peines, les déceptions et la chaleur qu'évoquaient ce lieu à la petite se recroquevillaient dans sa mémoire comme un journal rongé par le feu, ne laissant plus ses yeux se tourner que vers ce manteau d'un rouge si pur que la danse des flammes, en s'y reflétant, lui donnait l'air de s'animer d'un volonté propre, comme tressaillant sous l'effet de la soif de haine du vampire. Aucun éclair d'étonnement ne traversa les yeux de celle que l'innocence avait habitée quand Alucard disparut dans le cercle ; il n'y avait de place dans son coeur pour aucun autre sentiment que la fureur. Elle se redressa, crispa sa main sur son épaule et se déplaça vers la porte, pas à pas, cahotante, les sourcils froncés, ses petits yeux bleus faits pour n'exprimer que l'allégresse fixés sur le tourbillon sombre, noyés par la rage. Elle ne marqua aucune pause avant de jeter par un dernier soubresaut son corps déjà vidé d'énergie à travers le vortex.
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Lusankya
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MessagePosté le: 04 Juil 19:23    Sujet du message: Répondre en citant

II. Le monde s'effaça devant la petite quand elle pénétra dans la porte, qui se referma derrière elle comme si celle-ci l'avait attendue. Elle ne voyait plus qu'un long fleuve brillant dont chaque reflet laissait miroiter des scènes qui lui étaient familières, certaines parce qu'elles les avait vécues et d'autres parce qu'il lui semblait bien qu'elle aurait pu les vivre. Elle suivait le fleuve, n'ayant pas l'envie de résister au courant qui toujours la poussait vers l'avant, c'est tellement facile de se laisser porter, après tout pourquoi se battre ? Ses pensées s'effaçaient, n'était plus que la contemplation des visions venues d'ailleurs qui commençaient à dépeindre l'inconnu total, d'autres mondes, d'autres idées, d'autres désirs, en une fresque infinie de la Conscience.
Elle se sentait complètement hypnotisée par cette vision onirique, sa haine s'effaçait comme chacune de ses pensées, de ses sensations, de ses incertitudes, et elle sentait qu'elle se déversait dans le fleuve de la vie. Elle ne voyait pas son corps et si elle avait eu l'idée de penser, elle aurait peut-être eu l'impression d'avoir quitté toute réalité, de n'être que le jouet d'un mirage qui, peu à peu, l'engloutissait. Sa conscience semblait se mélanger à celle du monde, alimentant le fleuve en sensations, en idées, comme si son âme retournait à Dieu. Elle était envahie par un amour maternel profond qui lui disait enfin ces paroles que toute sa vie elle avait attendues, qu'elle n'avait pas besoin de se battre, qu'elle n'avait pas besoin d'être forte, qu'elle avait le droit d'être protégée et aimée pour ce qu'elle était.
Une petite voix crissante comme le grain de sable dans l'engrenage résonna dans sa tête comme une blessure et questionna, insistante : « Mais qu'est-ce que je suis ? Je suis quoi ? Je suis qui ? » Elle n'essaya pas vraiment de la faire taire mais de la laisser s'éteindre en se concentrant sur les images du fleuve ; mais cet effort spirituel eut l'effet inverse à celui escompté puisqu'il intensifia son identité, l'empêchant pour un moment encore de se dissoudre âme et... âme dans l'écoulement paisible et maternel, source de toute vie et résultat de toute pensée. Laissant son attention dériver sur la surface du fleuve pour mieux s'y replonger, son regard buta sur une image qui lui donna un pincement. Comme c'était la seule vision qui lui rappelle quelque chose depuis ce qui lui semblait plusieurs heures, la seule qui lui évoque une sensation même désagréable, elle ne put empêcher son esprit de la retourner et de la manipuler pour essayer de comprendre sa réaction. Pourquoi sentait-elle de nouveau une douleur presque physique à la vue de ces chiens dévorant un homme sous l'ordre d'un démon drapé de rouge ?
Elle ralentit sa marche au bord du fleuve et se pencha un peu pour mieux voir. La barbe de l'homme qui hurlait de rage et de douleur lui grattait les joues, ses larges mains la soulevaient sans effort et la faisaient tourner, tourner dans les airs, la lançaient pour mieux la rattrapper. Surprise, elle s'arrêta tout-à-fait, résistant au courant qui l'attirait toujours plus loin. Mais l'homme ne m'embrasse pas, il crie ! Il ne joue pas avec moi, il souffre ! « C'est un souvenir qui t'en rappelle un autre, lui sussurra la voix, moins criarde. Tu te rappelles de quelque chose, des scènes de ta vie d'avant ton arrivée ici. » La fillette laissa échapper un rire cristallin, c'est ridicule, comme si je n'avais pas toujours suivi le fleuve de vie et d'amour, comme si je ne marchais pas aux côtés de Gaïa depuis toujours ! « Ca ne fait que quelques minutes que tu es prisonnière du fleuve, et déjà ton identité et tes désirs se sont dissous dans le tout. Pourtant tu as un passé, tu as des sensations, tu as un nom, ne le sens-tu pas ? » Et alors que la fillette réfléchissait, qu'elle essayait de reformer la pelote de ses souvenirs mais que seules des bribes d'informations lui revenaient, des fragments de son univers, son regard accrocha dans les multiples miroirs du fleuve le visage du démon qui s'était introduit dans son univers et l'avait détruit, qui s'était enfoncé dans son corps et l'avait dégénéré, qui avait pénétré son esprit et l'avait mis à sac. Et bien qu'elle ne savait pas vraiment ce qu'elle avait perdu, ce qu'avait fait l'étranger ni qui elle était avant sa venue, une impression de viol et un désir de meurtre supplantèrent brusquement dans son esprit toutes les caresses du fleuve, et grandirent en intensité comme un tourbillon de violences qui, si elle n'avait plus de passé ni d'identité, était suffisamment intense pour créer un être.
Quand la première bouffée d'air emplit ses poumons, la douce voix intérieure revint titiller son esprit : « Tu n'es que haine et douleur, ne crois pas que ce soit suffisant pour vivre. Il te faut cette complexité toute humaine qui te nommera, sans quoi tu resteras une simpla machine à haïr et à blesser... Rappelle-toi ton nom, rappelle-toi ce que tu as fait ou tu ne seras rien ! »
- Si je ne suis pas humaine, répondit la voix crissante et inégale de celle qui avait été une fillette, alors je suis une machine, une machine destructrice et inviolable.
Le dernier souvenir qu'elle aurait jamais de son ancienne vie s'alluma comme un brasier mais disparut comme une étincelle.
- Le Lusankya... reprit-elle d'une voix qui s'éteignait un peu plus à chaque syllabe, je serai comme le Lusankya...

Elle referma les yeux sur le paysage inconnu qui s'offrait à elle depuis le haut de la colline où elle gisait, un paysage de forêts vierges et de montagne inaccessibles à perte de vue où il semblait que nul regard humain ne s'était jamais posé.
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