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Voyage au bout de la nuit

 
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Fluffy
archiduc
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MessagePosté le: 03 Déc 19:14    Sujet du message: Voyage au bout de la nuit Répondre en citant

Il faisait beau ce jour-là. Le soleil haut perché comme il l'est à cette époque de l'année avait déjà eu le temps de chauffer le sol. Une légère brise rafraîchissait l'air et soulevait les arômes des plantes odorantes jusqu'à mes narines. Je foulai l'herbe encore humide de la rosée du matin sous quelques arbres, afin de rafraîchir mes sabots éprouvés par le chemin caillouteux que je venais de parcourir au galop.

Mon regard se porta sur une marguerite. Je la cueillis puis, en me remettant au pas, l'effeuillai en disant à voix haute : "Il m'aime. Un peu. Beaucoup. A la folie.". Ces derniers mots me firent sourire et lever la tête, afin d'observer un oiseau qui gazouillait. Je réalisai tout à coup que j'aurais l'air idiote, si quelqu'un m'entendait. Reprenant mes esprits, je m'interrogeai sur l'endroit qui m'entourait.

Cette prairie ne me semblait pas familière, pas plus que les bois qui l'entouraient. Mes pérégrinations m'avaient emmenée plus loin que je ne le pensais de la Forêt. Au lieu de faire demi-tour, poussée par l'entrain procuré par cette belle journée, je continuai d'avancer. Une grotte perçait la colline qui me faisait à présent face. Un parfum de pierre humide confirmait le clapotis des vaguelettes contre une paroi rocheuse. L'idée de pouvoir contempler une source souterraine m'enchanta. Je m'imaginais déjà revenir accompagnée de mes camarades de jeu. Pourquoi même ne pas y organiser une petite soirée romantique, éclairés par la faible lueur tremblotante de quelques bougies? Nous nous assoirions sur cette pierre plate et, avec un peu de chance, le vent soufflant de cette caverne soufflerait les flammes et je pourrais en profiter pour sauter sur Blo...
Soudain, le court de mes pensées fut interrompu par l'apparition d'une silhouette imposante que mes yeux, s'habituant progressivement à l'obscurité, venaient de découvrir à quelques mètres de là, dans un corridor plus sombre que les autres. Mon coeur s'emballa. Le sang se mit à pulser dans mes tempes. Mais, alors que la sortie ne se trouvait qu'à quelques foulées, mes membres refusèrent de m'obéir. Je restai en arrêt, détaillant celui qui me faisait face, pendant quelques secondes qui me parurent des heures. Apparemment un homme, aussi grand qu'un centaure, au corps musculeux tels que le prouvaient ses avant-bras glabres d'une couleur lunaire et bleutée dépassants sous sa cape noire. Son capuchon cachait le sommet de son visage. Le fait de ne point apercevoir son regard me terrifia plus encore que l'apparente puissance que laissaient présumer ses muscles saillants.
Il fit quelques pas vers moi. D'un geste lent et assuré, il découvrit son visage. Ses yeux noirs et perçants plongèrent dans les miens avant de descendre vers mon cou. Mon esprit suppliait mon corps de bouger, de s'enfuir le plus vite possible, de faire un pas, une foulée, un bond, qui les rapprocheraient de la sortie, mais ses yeux croisèrent à nouveau les miens et je fus comme hypnotisée. Je ne pus esquisser un mouvement même lorsque je sentis son souffle dans ma nuque, sa main effleurer mon menton et mes lèvres tandis que les siennes se posaient dans mon cou, puis ses dents percer jusqu'à ma jugulaire. La douleur d'abord fulgurante de mon corps ne parvenant à réveiller mon esprit extasié, flottant au rythme pulsant de mon sang quittant mon corps, répondant aux bruits rythmés de la source. Tout commença à tourner autour de moi. Ma vue s'obscurcit. La dernière chose dont je me souviens est d'avoir senti une goutte couler le long de ma poitrine avant qu'il la recueille délicatement, puis le plafond de la grotte alors que le vampire me porte, se dirigeant vers l'origine du bruit de l'eau.
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meconnu
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MessagePosté le: 03 Déc 19:46    Sujet du message: Répondre en citant

Pourquoi elle ? Je me suis posé cette question de nombreuses fois ces derniers mois, d'autres me l'ont posé, était-ce à cause de mon passé parmi les centaures ? Un attrait pour les charmes de celle-ci particulièrement ?
Je n'ai jamais répondu à ces questions, on attendait de moi une réflexion, une raison, un plan aussi génial que sophistiqué. Mais même un assassin, un vampire, qui passe une grande partie de son temps en méditation, en recherche, dépasse ceci parfois.
Il n'est pas concevable pour beaucoup que parfois, la plus pure marque du génie est l'absence de plan, que suivre l'instinct le plus primaire avec envers l'avenir, non plus une envie de savoir, mais de la curiosité presque contemplative, est plus digne d'un voyant, il faut être sujet a la fascination du sang, peut-être, pour comprendre cela.
Voilà mes souvenirs sans voiles, c'est peut être le meilleur exemple...

J'étais non loin d'une sortie de mon domaine, passant par une petite grotte, dont les détours laissaient peu de chances à l'imprudent de pénétrer chez nous par hasard. De bon matin, j'étais venu m'asseoir là, contemplant assis sur une roche, dans un renfoncement, la limite au delà de laquelle les rayons du soleil ne pénétraient plus, je goûtais les souvenirs du temps où je pouvais voir le soleil en face sans le craindre, j'admirais les jeux de cette lumière sur les herbes folles poussant ça et là, bercé par le bruit de la rivière souterraine un peu plus loin. Il faisait frais, j'ai dû passer là la moitié de la matinée.
Je ne l'entendis pas arriver, ce fut son ombre se découpant dans la lumière qui me tira à moitié de ma rêverie, mais je n'incantais pas, je ne me préparais pas au combat, je restais là à regarder sa silhouette se découper et jouer dans la lumière, puis soudain se pétrifier alors qu'elle devinait ma présence. Je sentis l'odeur de sa peur qui réveilla ma faim, me levais, et m'approchais doucement, appréciant le regard où se mêlaient la terreur, et la fascination qui l'empêchait de tenter même de fuir, puis son cou où une veine palpitait de plus en plus vite, transformant la faim en une pulsion et un désir presque insupportables.
Je m'approchais encore, et ma main se posait sur son cou, sur cette veine qui me fascinait, remontait jusqu'à son menton et effleurait ses lèvres, contrairement à mon habitude je n'avais pas dit mot, et cela me sentait même superflu, tout était déjà joué, je n'eus qu'à humer son odeur, sans encore qu'elle ne réagisse plus que par un trésaillement, puis mon baiser se faisait morsure, et son sang jaillissait dans ma bouche, son goût puissant régalant mes papilles, ma gorge, et redonnant à mon corps sa chaleur.
Mais sans trop savoir pourquoi je cessais de puiser dans sa vie avant même qu'elle perde connaissance, laissant une ultime goutte s'échapper, que je cueillais au creux de sa poitrine du bout du doigt, puis chargeais la jeune centaure inerte sur mes épaules, comme un bétail abattu, et prenais résolument le chemin de ma demeure, en surplombant dans l'immense caverne, avec le manoir surplombant le lac souterrain, je pris le temps de déposer ma charge et de l'inspecter plus en détail, ainsi que son équipement, avant de la confier aux bons soins du gnome, pour qu'il l'enferme dans une cellule, c'est alors que je l'entendis parler doucement dans son inconscience, mais avant que je puisse comprendre le sens de ces murmures, ils cessèrent aussitôt.
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ecnelis
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MessagePosté le: 03 Déc 21:39    Sujet du message: Répondre en citant

...
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Dernière édition par ecnelis le 14 Déc 7:13; édité 1 fois
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Fluffy
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MessagePosté le: 05 Déc 20:13    Sujet du message: Répondre en citant

"Ecnelis...". Je m'éveillai lorsque je me rendis compte que c'était de ma propre bouche qu'était sorti ce mot. Quel rêve étrange... Je réalisais soudain la dureté de la couche sur laquelle j'étais étendue, combien mes muscles étaient douloureux, à quel point je me sentais lasse. Je portai une main à mon cou afin de voir si c'était un accès de fièvre qui m'avait fait délirer. Mes doigts y rencontrèrent une aspérité. Aussitôt, tout me revint à l'esprit : ma promenade hors de la Forêt, la grotte, l'inconnu à la peau laiteuse. Qui était-il? Que m'avait-il fait? Je regardai autour de moi et vis que j'étais retenue prisonnière dans une salle bien arrangée, aux murs décorés mais aux barreaux épais. Un gnome, qui était en train de me regarder, tira un cordon et un tintement retentit.

Quelques instants plus tard, j'entendis des bruits de pas et une porte s'ouvrir, avant que son maître n'entre dans mon champ de vision.

Ce qui me frappa en premier fut sa taille. Il était en fait bien plus grand que moi. Il ne pouvait être humain. Mais alors, qu'était-il? Sa peau bleutée semblait lisse et soyeuse, elle semblait rayonner et l'entourer d'une aura. Son pas était lent et mesuré. Il ne trahissait d'autre émotion que l'assurance de l'être. Me sentant affaiblie, je me terrai dans le recoin le plus sombre de la pièce, sans le quitter des yeux.

Il s'inclina, puis s'accroupit à quelques pas de moi. Je portai instinctivement la main à la blessure de mon cou. Cela lui fit esquisser un sourire en coin. Il me contempla quelques secondes puis dit de sa voix grave :

-- Je dois m'excuser pour tes entraves. Mais tu as l'air épuisée. C'est normal. Ton sommeil a été très agité.
Il parlait lentement et distinctement, marquant une pause entre chaque phrase.
-- Tu as beaucoup parlé aussi. Qui est cette Ecnelis en particulier ?

Réalisant qu'il me fallait reprendre le contrôle, si je voulais avoir une chance de rester en vie, je rétorquai :

-- Qui êtes-vous? Pourquoi me retenez-vous prisonnière? Et que m'avez-vous fait?
Il sourit à nouveau.
-- Je t'expliquerai tout ça lorsque tu auras repris des forces. Et à vrai dire, je ne puis encore en être sûr moi même.
Il se releva. Le gnome tenait un plateau en argent dans ses mains. Il le lui prit pour me l'apporter, ce faisant, il se pencha pour toucher ma blessure de ses doigts, puis se retirant, il laissa le gnome me détacher les mains pour manger pendant qu'il quittait la pièce.

Le plateau était en argent massif. Les couverts qui se trouvaient dessus aussi. Je pris la fourchette et étudiai le blason qui l'ornait, un oeil, à la pupille en croissant de lune, et un croc. A en juger par son argenterie et ses vêtements richement ornés, mon « hôte » devait être très fortuné. Pourquoi s'en prenait-il à moi?

La faim tiraillait mon estomac. Je ne sais pas combien de temps j'ai pu dormir. Après réflexion, je me dis que, s'il comptait me tuer, il n'avait pas besoin de poison pour le faire, et que m'affamer n'arrangerait rien... Je mangeai donc mon repas, l'accompagnant de l'intégralité de la carafe d'eau qui se trouvait elle aussi sur le plateau. La cuisine était divine et je songeai en mâchant un bout de viande que c'était peut-être là le dernier repas du condamné.
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MessagePosté le: 09 Déc 16:36    Sujet du message: Répondre en citant

-- Qui es-tu beau lapin blanc ?
-- Laisse-moi, je n’ai pas le temps.
-- Mais où cours-tu comme ça ?
-- Ca ne te regarde pas.
-- Qu’est-ce que tu viens d’avaler ?
-- Tu ne le sauras jamais.
-- Qu’y a-t-il dans cette boîte ?
-- Rien que tu ne convoites.
-- Dans ce cas, où est la clé ?
-- C’est à toi de la trouver.
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MessagePosté le: 09 Déc 16:38    Sujet du message: Répondre en citant

Il m’ouvrit la porte. Il se retourna et se dirigea vers la sortie. Je le suivis sans dire un mot. Nous marchâmes à travers de vastes pièces luxueuses, toutes décorées avec le plus grand raffinement, jusqu’à atteindre la porte de sa chambre.
Jamais je n’avais vu de chambre aussi magnifique : un lit immense trônait au milieu de la pièce, des myriades de bougies l’éclairaient, leur lueur se reflétant dans des miroirs ciselés et berçant la pièce de leur chaude lumière.
Le fait d’être là en sa compagnie éveilla en moi un désir concupiscent. Je m’avançai pour aller caresser le couvre-lit de satin rouge. J’admirais ses reflets lorsque je sentis sa main se poser sur mon épaule. Un frisson me parcourut. Je tournai la tête. Il regardait mon dos mais il releva lentement ses yeux vers mon visage. Il se pencha vers moi. J’étais comme hypnotisée par ses yeux noirs que j’essayais de sonder. Perdue dans mes pensées, je ne réalisai le contact de ses lèvres sur les miennes que lorsqu’elles se mirent à bouger. Il mit ses bras autour de mon buste. Son corps était plus froid que le mien ; néanmoins, ce geste m’échauffa : je sentis mes joues rosir.
Je fermai mes paupières afin de profiter de se baiser. J’eus voulu qu’il ne se termine jamais…
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MessagePosté le: 09 Déc 17:05    Sujet du message: Répondre en citant

Ma captive se réveilla et baissa la tête en me voyant au coin de la pièce, j'eus un petit rire et allant auprès d'elle je lui pris le menton pour la forcer à me regarder dans les yeux.

"Un rêve plus qu'intéressant ma jeune amie, il est plaisant que j'aie pus en percevoir la plus grande partie, malheureusement, si vos rêves sont désormais plus sensés et cohérents, ils me sont de moins en moins ouverts, quelque chose s'éveille en vous, et j'ai plaisir et crainte d'en être le responsable".

Sa voix s'éleva, le ton bravache des premiers jours totalement disparu, il n'y avait plus que la peur, et je n'en étais plus la cible... "Pourquoi ne pas me laisser partir ? Pourquoi ne m'aidez vous pas ?... Savez vous ce que j'affronte ?"

Ma main suivait la courbure de sa joue alors que je répondais, « Votre ennemi se cache encore, il n'est pas assez fort pour vous combattre de front, et cherche à vous affaiblir... pour avoir les réponses que nous cherchons, je vais devoir l'y aider »

« Ne... »

Je l'interrompis en posant un doigt sur se lèvres, puis me levant, je vins me placer derrière elle, lui caressant la nuque et repoussant sur le coté ses cheveux, je lui glissais à l'oreille « Il est temps de rencontrer votre invité madame » avant de plonger mes dents dans son cou... Pour la troisième fois je me délectais de son sang, en la contemplant de la vision du chasseur, voyant son mana, qui avait maintenant deux couleurs distinctes étroitement entremêlées, se déverser en moi...
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Fluffy
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MessagePosté le: 09 Déc 17:14    Sujet du message: Répondre en citant

Je réussis, d’un vif coup de sabot, à me débarrasser de mes entraves. Le bruit n’avait apparemment alerté personne. Je me levai et m’approchai de la sortie, lorsque j’entendis une voix derrière moi : « Où vas-tu, espèce de lâche ? ». Me tournant, je découvris une centaure qui s’avançait hors du coin obscur où je me trouvais il y a quelques secondes. Elle avait de longs cheveux ondulés et, au moment où je parvins à distinguer son visage, je me rendis compte que la personne qui me faisait face était celle qui m’avait toujours fait face dans le reflet des miroirs ; plus nette que celui de l’eau, elle m’était identique, par son visage, son expression, sa posture.
-- Je dois être droguée. J’hallucine.
-- Non. Tu ne rêves point. Je suis comme toi car je suis une partie de toi. Je suis la voix qui te susurre à l’oreille ce que tu dois faire, les décisions que tu dois prendre. Je suis à la fois ton instinct et ta conscience. Si j’ai prit une telle apparence, c’est parce que tu dois prendre aujourd’hui une importante décision.

-- Non ! Ne l’écoute pas !
Un second sosie sortait de l’ombre à son tour. Je clignai des yeux plusieurs fois, espérant, au pire, qu’elles disparaissent, au mieux, me réveiller. Mais ces visions étaient trop précises, trop nettes pour n’être que de simples interprétations de mon cerveau surmené par ma captivité, trop parfaites, trop étayées pour être des hallucinations.
-- Ne comprends-tu pas ce qu’elle veut de toi ? Elle vient te tendre un piège. Elle veut te voir te jeter dans la gueule du loup.
-- Je veux juste te libérer.
-- Dis-lui de quelle façon, tu comptes la libérer. Dis-lui quel risque tu veux lui faire courir.
-- C’est la seule solution.
-- Elle n’a qu’à s’enfuir, retourner à la Forêt auprès de sa famille. Eux la défendront.
-- Le vampire ne la laissera jamais repartir. Il l’a choisie, elle, parmi tant d’autres. Il la traquera au bout du monde. Elle sera un danger pour ceux qui l’entourent.
-- Assez ! Assez !

Ces mots étaient sortis de ma bouche. J’avais crié bien trop fort. Ma tête me faisait mal. Je me sentais perdue.
La première apparition s’adressa à moi : « Prends cette dague et tue le vampire. ».
Elle me tendait une dague en argent, dans la paume de sa main. Une douleur vrillait l’intérieur de mon crâne. Sa voix m’était apparue comme un lointain écho. Je voulais juste partir. Je voulais que tout ça cesse.
-- Je ne te laisserai pas passer. Te rends-tu compte de ce que tu fais. Tu es une couarde. Ton âme est noire.
-- Tais-toi ! Je ne veux plus t’entendre ! » hurlai-je en fermant les yeux.

Lorsque je les rouvris, une expression mêlant douleur et étonnement déformait son visage. Je baissai les yeux et vis ma main, tendue vers son ventre qui saignait comme si un ruban rouge en sortait pour venir s’enrouler dans mes doigts et les entremêler à la dague en argent qui se trouvait tout à coup entourée d’eux, ces doigts dont je reprenais à présent conscience alors qu’ils baignaient déjà dans le sang. J’envoyai un regard implorant à la deuxième apparition. Elle me sourit en coin. Lorsque je retournai la tête, toutes deux avaient disparu.



Je me réveillai, avec toujours le même mal de tête. C'était encore un rêve.
J'essayai de lutter mais les morsures du vampire m'avaient rendue trop faible et je sombrai à nouveau dans un profond sommeil.



Je marche dans un long corridor, sans torche ne bougie. En face de moi, la lumière de la sortie. Derrière moi, celle de la pièce où j’étais captive. Les deux font un effet d’optique : j’ai l’impression de descendre. Je ne vois pas où je pose mes pieds. J’ai envie de galoper, mais il fait trop noir. Plus j’avance, plus l’angoisse m’envahit. J’ai l’impression qu’il va sauter sur moi, jaillir du noir pour me saisir.
Mais voilà la sortie ! Je peux à présent distinguer le vert de l’herbe à l’extérieur. Je ne peux y croire, je vais réussir.
Et je le vois. Juste à l’extérieur, en pleine lumière. Il me barre la route. Pourtant, je continue. Je veux sortir. Je pourrais m’arrêter, faire demi-tour. Mais je ne supporte plus l’enfermement. Je veux revoir les miens. J’accélère tout à coup. Je fonce droit sur lui. Je concentre toutes mes forces dans ma dernière foulée et bondis, la tête en avant et les yeux fermés.
Je sens à nouveau ses dents qui me déchirent. Mes jambes vacillent. J’ai froid. Je ne me défends pas. Je trouve du réconfort à poser ma tête sur son épaule au moment où il me saisit dans ses bras. Il me chuchote à l’oreille : « La solution est en toi. ».
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MessagePosté le: 17 Déc 17:53    Sujet du message: Répondre en citant

J'avais surveillé son sommeil pendant dix longues heures, guettant toute pensée audible, j'ai assisté à sa lutte, son combat contre cette force qui grandissait en elle, j'ai compris que quelle que soit l'issue de ce combat, le corps qui l'habitait ne pourrait y survivre, et cette victoire ne signifierait alors rien...

C'est alors que j'ai réalisé ce qu'il me fallait faire, il m'était insoutenable de laisser perdre ces deux esprits dont les talents d'extra lucidité encore en gestation seraient peut-être plus importants que les miens si mon intuition était fondée et si l'un des deux se révélait capable de vaincre sa némésis, je pourrais certainement en faire de grandes choses... qu'importe lequel.

Je réussis finalement à pénétrer son rêve, en interrompre le cours et m'adressait aux deux esprits, parvenant à amener au repos l'entité bouillante que je ne connaissais pas, j'adressais en songe ce dernier message à la jeune centaure effrayée, il était laconique, mais l'amènerait au réveil, et alors, à m'écouter...

Elle me trouva donc en ouvrant les yeux penchée sur elle, la main sur sa joue, elle me prit le poignet d'une main glacée et en sueurs, m'attirant contre elle, la tête sur mon épaule... après un temps, suppliante elle dit « aide moi, quoi que tu fasses, tires moi de là. »
Je lui répondis « Il y'a une chose à laquelle j'ai pensée, mais je ne peut en prédire le résultat, si l'une de vous disparaîtra, si vous fusionnerez... mais en tout cas cela mettra fin à ce combat... Il te suffit de me rejoindre, quand mon sang coulera en toi l'équilibre sera assurément détruit... Je vais te laisser te reposer et je viendrais connaître ta réponse dans une heure. » Je me relevais mais elle attrapa ma main et me ramena vers elle, « fais-le » dit-elle « tout de suite ».
Saisissant alors une dague je m'entaillais le poignet, et passant dans son dos, caressant son cou de l'autre main, je lui présentais la blessure dont elle s'empara, commençant à s'abreuver de mon sang, j'admirais les couleurs que prenait le mana qui me quittait pour se mêler a son âme...

Enfin elle cessa de boire, je lui fis face à nouveau et, recueillant une goutte de sang égarée sur son menton, je la regardais s'allonger, je lui fermais les yeux en lui glissant à l'oreille... 3 nuits... dans trois nuit tu connaîtras la plénitude... et la faim.
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Fluffy
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MessagePosté le: 20 Déc 17:00    Sujet du message: Répondre en citant

Une fois de plus, mon réveil fut pénible. Seules quelques bribes d’un rêve dans lequel le vampire s’était adressé à moi subsistaient. Humectant mes lèvres avec ma langue, je m’aperçus qu’elles avaient un goût ferreux. Tel un flash, l’image du vampire me tendant son poignet ensanglanté surgit de ma mémoire. J’étais si épuisée que je n’arrivais plus à songer à ces rêves étranges, ces voix familières, cette douleur dans ma tête. Je n’aspirais qu’au repos que ne parvenait plus à me fournir le sommeil.



Les deux journées suivantes furent aussi désagréablement monotones. Elles semblaient s’étirer sans fin, les secondes ayant remplacé les minutes qui auraient elles mêmes remplacé les heures… J’avais l’impression d’être toujours semi consciente. S’il n’y avait eu deux piqûres ourlées de douleur sur mon cou, j’aurais cru être dans le plus long des cauchemars.



Cependant, à l’aube du troisième soir, la flamme d’un cierge qui éclairait la pièce attira mon attention. Les contours de cette flamme étaient si précis que je pouvais détailler chaque variation de sa danse, au gré du faible courant d’air circulant là-bas. Le cierge en lui-même me parut fabuleux de par sa couleur chaude et nacrée, son aspect lisse et doux au toucher. Toucher. J’avais envie de le toucher. J’avais envie de caresser chaque élément de la pièce où la lumière paraissait à présent se refléter en une infinité d’étoiles scintillantes. Tout me paraissait si beau, tout à coup, que je ne pouvais m’empêcher d’embrasser ce lieu du regard, d’admirer cette bougie, ce mur, ce cordon, cette fourchette, cette tenture, ce tapis…

Un bruit de pas fit cesser mon observation. J’avais l’impression d’être capable d’apprécier rien qu’à l’entendre l’épaisseur du cuir des bottes, la dureté du sol ainsi que la matière de la cape de mon hôte, dont j’avais reconnu instantanément la démarche, comme si ce fut une évidence. Lorsqu’il franchit l’encadrement de la porte, je ne pus m’empêcher de le détailler de la tête aux pieds, le trouvant si mystérieusement beau soudain, que je me demandai pourquoi ce fait m’avait si longtemps échappé.
Il eu l’air d’avoir lu dans mes pensées car, à ce moment, un sourire se dessina sur son visage et ses yeux se mirent à briller tandis qu’il scrutait mes pupilles.
« Je vois que la transformation a commencé. » annonça-t-il d’un air satisfait. « Profite bien de ces instants. Ils seront uniques dans ta vie. »

C’est alors qu’une vive douleur se mit à me traverser de par en par. Elle était si diffuse que je ne saurais la situer. Chaque cellule de mon corps paraissait la ressentir. Voyant que mon visage se tordait de douleur, le vampire m’expliqua : « Tu dois accepter cette agonie : ton corps de centaure est en train de mourir. Tes fluides de mortelle te sont arrachés. Mais tes sens éveillés montrent que tu es bien en vie en tant que vampire. C’est le dernier combat de ton ancienne vie. »
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MessagePosté le: 04 Jan 14:41    Sujet du message: Répondre en citant

Je revins juste quelques heures plus tard, avec ma compagne, laquelle portait on coffret d'ébène. « Il est temps » dis-je à la centaure, « pour ce soir tu devras apprendre à appeler le sang à toi, tu commences à sentir les effets de la faim, si tu passes encore trois nuits sans te nourrir, tu ne seras à jamais plus qu'un esprit brisé, une âme errante et meurtrière. C'est ce glaive au dessus de nos têtes, ce gouffre à nos pieds qui nous élève tant et nous apprend la mesure ».
« Que dois-je faire ? » dit elle simplement.
« Mais t'amuser, n'est-ce pas le privilège de la jeunesse ? La tienne est éternelle, et le plus sage d'entre nous est toujours le plus fantasque ! » La démone poursuivi d'une voix traînante, séduisante autant que menaçante, rompant avec mon ton enjoué. «  Nous donnons une petite... fête en votre honneur au domaine ce soir, les invitations sont déjà parvenues à la moitié des plus grands de ce monde, les autres viendront quand même. » « Mon époux est connu pour savoir recevoir et distraire. » Ajoutât elle en passant sa main languissante autour de ma taille, tandis que je voyais avec amusement notre « nouveau né » suivre chacun de ses mouvements comme ceux d'un serpent.
En riant j'approchais de la centaure et lui glissait à l'oreille « voilà bien ce qu'elle va t'apprendre ce soir, chaque mouvement avec chaque parole, Chaque fois que tu soulèveras une paupière je veux que toute personne qui te voie retienne son souffle ! » Puis à haute voix « Il y'a bel et bien deux façons de tuer, deux façons de puiser le sang, ce soir nous t'apprendrons la première, tu te souviens de ce que tu as ressenti lors de notre « rencontre » tu devras susciter le même attrait, peur et séduction vont de pair et leurs goûts mêlés dans le sang sont un mélange divin. Mais garde de ne pas oublier la foule qui t'entoure, c'est là un art bien plus difficile que de chasser dans la nuit, chaque personne qui t'entoure doit subir la même illusion où tu te perdras. Tu n'apprendras que plus tard le goût de la terreur et de la violence de l'esprit seul et entier à ta merci... »
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MessagePosté le: 14 Jan 1:19    Sujet du message: Répondre en citant

Le soir venu, la jeune centaure était conduite aux bains, coiffée, et parfumée, et quand elle revint dans sa chambre, elle ouvrit le coffret, y trouvant une robe, principalement bleue nuit, presque noire avec des réponds rouges au col et aux articulations, des gants en satin, rouges sang également, une ceinture des mêmes couleurs l'ornait, portant un fourreau ornemental vide. Le vêtement parfaitement coupé pour couvrir son corps de centaure, la partie chevaline étant délicatement drapée, le tissu semblant bouger avec elle par les jeux de lumière sur la texture du tissu.
Je la rejoignais alors qu'elle s'admirait dans un miroir en pied couvrant presque tout un pan de mur de la chambre. Prêt pour la réception également, non paré comme elle de ténèbres mais d'une tenue immaculée, seules les parties écarlates se répondaient.

Je la regardais un moment en silence, puis lui présentant mon bras, je la guidais au dehors par un couloir jusqu'à la salle principale du domaine. Je la sentis se raidir d'appréhension au moment où nous entrâmes dans l'antichambre où attendait mon épouse, elle m'embrassa avant de me glisser à l'oreille « Ils sont bien tous là. » Je souris, puis dit à l'adresse de Fluffy « Restez donc avec ma Dame, elle vous présentera, agissez comme elle, et ce soir l'un des grands de ce monde mourra heureux de vous offrir son sang, quant à moi j'ai des gens à voir. »

Je gagnais donc une autre entrée de la salle, le gnome m'y attendait avec deux étuis de cuir, que je pris avant d'entrer.

Cette salle était immense, au centre, une longue et large bande, bordée de colonnes menait de l'entrée jusqu'à des présentoirs d'artefacts rares, en demi cercle, au centre duquel trônait un grand siège. C'est là qu'étaient la majorité des invités, quelques groupes s'étaient formé et écartés sur les bords de la salle, qui montaient en deux escaliers monumentaux sur toute la longueur de la pièce, parsemés également de colonnades, en haut était un couloir , des arcades faisant le tour de la salle, avec un balcon surplombant l'extrémité et un autre sortant au dehors, autour de ce couloir de nombreuses portes partaient vers le reste de la demeure.

Je descendais donc vers le centre, saluant les visages familiers parmi les différents groupes que je croisais, humains en armures de cérémonies, béonides enjoués riants avec ceux qu'ils auraient tenté de manger en d'autres temps, centaures parés de vêtements aux couleurs de la nature et de bracelets brillants, quelques démons même ici où là se mêlaient a leurs ennemis de toujours.

Je venais de trouver Knessir qui s'enquérait, comme tout le monde, de la raison de ces invitations, quand j'entendis le son d'une clochette, je lui dis alors juste « regarde ». Alors que tout le monde se tournait vers le fond de la salle, le silence fut instantané et je regardais avec satisfaction les conversations mourir, les doigts se serrer sur les verres, les bouches entrouvertes, alors que les deux femmes entraient dans la salle,la robe de mon épouse était de couleur semblable a ma propre parure, mais la coupe était sensiblement la même que celle de la centaure, et elles formaient un contraste saisissant tant elles étaient différentes et magnifiques.

Alors qu'elles passaient dans la foule, de groupe en groupe, mon épouse présentant la jeune centaure aux invités, l'éclat de son rire clair et coupant comme le cristal résonnant parfois, je pris Knessir par l'épaule, et nous nous dirigeâmes, vers un autre coin de la salle, d'où s'élevait une musique envoûtante, c'était Nathair qui faisait profiter de sa musique quelques convives, ses talents de bardes encore augmentés par le don noir de la mère de la nuit, je l'interrompis, et en sa compagnie, retrouvant également au passage Rhalph et Faye nous sortîmes sur une sorte de balcon, surplombant une petite salle plongée dans l'obscurité.

Un peu intrigués, les 4 plus hauts dignitaires de la confrérie noire attendaient, c'est alors que Knessir, riant sous cape, dit « Eh bien, il semble que notre prophète ait fait quelques cachotteries, dis nous mon frère, dit nous qui est cette jeune centaure que tu as fait profiter de ton sang, il y'a de l'ombre en elle. N'est-ce pas pour elle que nous sommes ici ? ». « Si mon ami » répondis-je « vous verrez ce soir des choses qui ont été cachées à ma vision, et que pourtant j'attendais... que nous attendions. ». Je sortis les étuis de cuir, et m'adressant à tous. « Knessir m'a forgé ceci, il s'agit de deux dagues assez particulières, elles ne sont pas pour moi mais bien pour ma jeune élève, un combat se déroulait en elle, combat auquel j'ai mis fin, nous saurons ce soir qui en a été vainqueur grâce à ceci ».
Je sortais alors de leurs étuis deux dagues magnifiques, bien qu'indéniablement chargées d'un grand mal. La première, à la lame d'un vert presque noir, aux raies rouges et or portait en elle une grande harmonie, elle présentait comme à regret, comme un devoir sa menace. La deuxième au contraire semblait brûler d'enthousiasme son manche d'ébène et sa lame d'argent chargée de runes rouges appelaient le sang, et surtout pour nous tous ici la marque de Sythis y était palpable.
« Travail remarquable » dis-je au forgeron, « quel dommage que nous devions en détruire une... ».

Enfin d'une pensée, une sensation, je lançais un appel, et quelques minutes plus tard, ayant quitté la foule des invités, entraient un à un les autres frères, enfin mon épouse guida a nous Fluffy, suivie d'un Humain à l'air hébété qui resta près de la porte, je souriais en voyant dans ses yeux qu'il était totalement sous la coupe de mon élève.

Nathair commença de jouer, tandis que Rhalph entonnait une mélopée que le cercle des assassins repris. Faye au centre, déposa les deux dagues dans leurs étuis face à la jeune centaure, à elle aussi je répétais « ma chère, il est temps de connaître l'issue du combat qui t'agitait, dans les deux cas ce sera pour nous une grande joie, mais pour la suite cela changera bien des choses. » Alors qu'elle allait ouvrir les étuis de cuir, je l'arrêtais... « Non » repris-je « Mon sang coule en toi, ce n'est plus le hasard qui te guide à présent mais la volonté qui jours et nuits m'accompagne. » Elle acquiesça, et s'empara sans hésiter de l'étui qui contenait la lame d'ébène et d'argent. Je brisais alors la seconde lame et la jetait en bas, puis, faisant approcher l'humain, j'indiquais à la centaure de s'en nourrir...

« Le destin est scellé, lui-dis-je, il est temps pour toi de rencontrer ta mère ! »
L'Humain tomba à genoux comme les dents de Fluffy déchiraient son poignet, et quand elle fut rassasiée, prenant sa dague, j'égorgeais la victime dont le sang restant, s'écoulant par une fissure, finit par tomber également au bas du balcon. Chacun tressaillit en entendant le bruit du sang tombant dans une étendue liquide. Je levais alors le bras et la salle s'éclaira sans bruit, révélant sous nos pieds une chapelle, une statue monumentale de la mère de la nuit, tenant une vasque gigantesque, formant autel, dans lequel s'accumulaient plusieurs litres de sang à raison d'une goutte pour chaque victime de la confrérie. Je faisais apparaitre alors une page du livre saint de Sythis, non celui dont nous disposions au sanctuaire, celle-ci était son double trouvé et détruit par mes soins hors du monde d'Iksem. Et je jetais cette page dans le sang.

« Nous commencerons les incantations dès demain, et la volonté de Sythis sera accomplie d'ici peu » dis-je alors à l'assemblée. Knessir appela alors Gargouille et Liona, et se plaçant avec eux et Fluffy au centre, il s'adressa aux autres, « Voici ceux qui ont été choisis pour intriguer, dominer et prêcher, aidez les et secondez les parmi les nations ! »
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