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**Pargias**

Pargias monta l'escalier jusqu'à l'étage de Knessir. Alors qu'il arrivait, un frisson le parcourut. La pierre semblait plus froide. Des ombres semblaient traverser le couloir faiblement éclairé, comme animées d'une vie propre qui ne paraissait pas due aux torches à la flamme pourtant vacillante. Le silence régnait en cette heure tardive, mais il savait que l'homme qu'il allait voir était éveillé. Avant de se décider, il avait vu une silhouette passer plusieurs fois devant la fenêtre de la chambre.

Il avait longtemps hésité à faire cette visite. Ses questions étaient nombreuses, mais il voulait d'abord s'intégrer au peuple humain avant de chercher ses réponses. Un certain climat de méfiance régnait et il craignait qu'on hésite à lui répondre en toute franchise s'il ne semblait avoir rejoint les hommes que pour en obtenir quelques réponses. Ses contacts s'amélioraient avec plusieurs personnes, et il était en train d'envisager de partir en quête avec certains d'entre eux. L'autre raison de son hésitation était que quelque chose lui déplaisait dans l'attitude de celui qu'il allait rencontrer. Sa proposition était pourtant alléchante et il avait fini par céder à la tentation d'avoir des réponses. Mais il n'était pas prêt à payer n'importe quel prix.

Progressant dans le couloir, il ressassa encore une fois les questions qu'il comptait poser. Son hésitation fut brève quand il parvint devant la porte. Il ne frappa qu'un coup bref et attendit.

**knessir**

Assis en tailleur dans la chambre qu'il n'habitait que trop rarement, Knessir avait les yeux entièrement clos. Réfléchissant, ou plutôt, méditant sur les différents moyens de raconter correctement les différentes histoires dans "Le livre de Sythis", il épiait son missionnaire hans Arkhador, afin que celui-ci lui ramène des sources sures quand à ses futures trouvailles.

Mais sa concentration s'arrêta net, quelqu'un approchait, l'un des curieux de sa race qui l'avait prit en adoption sans doute, encore un jeune fou qui ose déranger l'un des favoris du dieu des dieux à une heure tardive, ou bien, encore une âme perdue qui vient lui rendre visite afin de trouver la voie...

C'était difficile de ce concentrer à nouveau alors que l'on sait irrémédiablement, il va falloir répondre, il pourrait feindre une absence, mais une envie de discuter fut trop forte, il se tâta, ouvrir ou pas...

Son hésitation fut de courte durée, n'osant afficher un certain engouement qui le trahirait, il ouvrit les paupières, la clarté lui brula temporairement les yeux ;

-"Mais la douleur n'est qu'une simple information" se dit-il.

Envoyant ses familiers aux quatre coins de la pièce, comme il en avait prit l'habitude depuis qu'il vivait reclus, leur ordonnant de se dissimuler dans l'habit qu'il les saillaient à ravir ; l'ombre, il leur demanda de rester attentifs aux moindres geste suspect de ce curieux visiteur tardif.

Alors qu'il se préparait à ouvrir la porte, celle-ci n'étant qu'à quelques pas de lui, un seul bruit sourd retentit, nonchalamment, Knessir tourna la poignée et eu l'agréable surprise de voir cette espèce de centaure tigré nouvellement arrivé parmi les humains, Knessir avait déjà tenté de recruter ce nouvel arrivant, mais celui-ci semblait très discret, voir timide.

-"Quelque chose qu'il faudra changer vite... A moins que ce ne soit de la méfiance..." pensa-t-il rapidement...

Il s'efforça de sourire, car, c'était un signe de faiblesse selon Sythis, ce qui par dessus tout lui déplaisait, afin d'inviter son invité à entrer.

-"Pargias, quelle agréable surprise de te voir, mais entre donc, tu as soif ? J'ai justement une formidable bouteille d'hypocras que mon frère et ami Hans Arkhador m'a confiée, un verre ?"
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**Pargias**

Pargias entra suite à l'invitation de Knessir.

"Non merci. L'alcool ne me sied guère."

Pour tout dire, Pargias n'avait encore jamais essayé. Mais il avait depuis longtemps vu les effets que celui-ci pouvait avoir sur ceux qui en ingurgitaient. Etant donné son absence de besoin de boire et manger, il n'était pas sûr que celui lui nuise, mais il n'avait jamais voulu tenter l'expérience. Il n'était de toute façon pas sur ce monde pour faire la fête mais pour apprendre et progresser au plus vite. Il voulait devenir l'un des grands combattants que tout le monde craindrait, dont tout le monde se souviendrait s'il venait à disparaître.

Il préférait donc se donner cette image un peu terne. S'il se rendait souvent dans les auberges, c'était pour glaner des informations. Cela faisait partie de son apprentissage. Maintenant qu'il n'avait plus de guide dans ce domaine, il était bien forcé de se débrouiller seul. Pendant un instant, il se demanda si Knessir pourrait être son nouveau guide. Mais le premier avait été tellement présent, presque étouffant parfois, que Pargias ressentait avant tout un besoin d'indépendance.

"Je suis ici après ce que tu m'as dit le jour de mon arrivée. Tu as affirmé pouvoir répondre à mes questions."

La pièce était austère, cela ne le surprenait pas. Mais il y avait autre chose. Elle paraissait trop sombre. Les zones d'ombre étaient plus profondes qu'elles n'aurait dû l'être et les yeux de Pargias y voyait des formes indéfinissables, comme si des êtres y étaient tapis. Il ne pouvait en être sûr, et cela l'étonnait étant donné qu'il n'avait normalement aucune difficulté pour voir dans le noir. Mais cela correspondait bien à l'image qu'il se faisait de son interlocuteur.

**knessir**

Knessir sourit, il se doutait bien que son invité déclinerait son offre, mais qu'avait-il à perdre à essayer, après tout, ce délicieux breuvage concocté de main de maitre par Hans était l'un des meilleurs cru... L'humain décida de se servir un verre dans une cruche en terre cuite :

-"Très bien, ça ne te dérange pas si je bois seul ?" Remarquant la timidité de son interlocuteur, Knessir coupa court :

-"Mais, je manque à tous mes devoirs, assieds toi, tu es mon invité..."

L'Ecoutant de la Confrérie constata que Pargias fixait fort les murs de la pièce, comme si, curieusement, il sentait qu'il "y avait quelque chose", par conséquent, il tenta de détourner son attention :

-"Je suis content que tu sois venu, cela prouve bien que nous avons la possibilité de faire de grandes choses ensemble."

Knessir remarqua à nouveau l' attitude austère de Pargias, la même qu'il avait remarquée lors de leur première rencontre.

Celui-ci en vint aux fait directement, il désirait avoir des réponses...

-"Oui, je suis certain que je pourrais t'aider, mais avant de te donner une quelconque réponse, j'aimerais avoir une question mon jeune ami..."

Il but une gorgée de la liqueur dans son verre, souriant...
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**Pargias**

Pargias s'assit quand son interlocuteur le lui proposa. Etant donné qu'il avait cru apercevoir ces ombres aux quatre coins de la pièce, il décida qu'aucune position ne serait plus favorable qu'une autre et chercha avant tout une position confortable.

La première remarque de Knessir le surprit quelque peu. Il ne voyait pas en quoi sa simple venue prouvait quoique ce soit. L'homme semblait persuadé de savoir à l'avance certains futurs. Cette assurance provenait-elle d'une véritable connaissance ? Ou par son assurance tentait-il de convaincre son entourage qu'il n'y avait pas d'autre choix, parvenant ainsi à créer ce futur de toutes pièces par sa seule volonté ?

Knessir proposa de poser la première question. L'être de fourrure n'était pas pressé à ce point pour obtenir les réponses. Après tout, il avait bien dû apprendre la patience dans les conversations lorsqu'il était parmi les Centaures. Il avait néanmoins l'impression que cette fois beaucoup plus d'information allait transiter dans ce dialogue.

"Je t'en prie," répondit-il simplement.

**knessir**

Knessir sourit avec amusement, le sentiment qu'il avait éprouvé en voyant Pargias un peu plus tôt se confirmait ; Pargias savait que ses familiers étaient là...

-"Un tel talent à un si jeune age, quelle recrue de choix !"

L'humain fit quelques pas dans la pièce trop sombre, déposa délicatement son verre et s'assit dans un fauteuil confortable, il croisa les jambes, toisant Pargias, invitant celui-ci à se poser quelques questions rapides et à mieux cerner son hôte...

Le silence était gênant, accompagné par les fines goutes de pluies qui frappaient les épais volet de la chambre que Knessir occupait à Midgard, cela donnait l'impression que des centaines d'oiseaux picoraient à une porte des milliers de vers figés dans le bois.

Rompant les bruissements répétitifs, il se décida enfin à parler :

-"Tu n'es pas là depuis longtemps Pargias, je sais ce que tu recherches, je puis t'y aider, mais cela ne se fera pas seul, j'aurais besoin de ta participation, de ta volonté et surtout de tes capacités."

il patienta quelques secondes avant de poursuivre :

-"Ce que je te propose, c'est la vérité, je sais ce que les gens disent de moi, je ne suis sans-doute pas l'humain le plus recommandable, c'est un fait, mais crois moi, je puis t'apporter bien plus que tout ce que tu as put imaginer jusqu'à présent."

Il tendit la main gauche, celle-ci marquée d'un étrange tatouage noir semblait comme magique, surgie d'un autre plan, le membre s'étendait, curieusement, il était comme flou, partagé entre deux dimensions.

-"Ma question est celle-ci : Es-tu prêt à vivre un voyage ? Le plus extraordinaire que celui que tu pourras jamais faire ?"

La main, toujours tendue, semblait comme s'agrandir, activée par une lumière bleutée. Concentré, fermant les yeux, Knessir émit un faible rictus, attendant impatiemment la réponse de son visiteur.
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**Pargias**

Se relâchant dans son siège, Pargias écouta la proposition de Knessir. Il parlait de façon extrêmement vague, comme les diseurs de bonne-aventure qu'il croisait souvent sur les marchés. Ces gens discouraient avec conviction, de façon à convaincre leurs clients qu'ils savaient ce qu'ils disaient. Pourtant, leurs paroles étaient tellement abstraites que n'importe qui pouvait se reconnaître dans une grande partie de ce qu'ils exprimaient.

Les propos tenus ici étaient de promesses; Le sombre forgeron lui promettait ce qu'il voulait entendre. Cela était bien entendu alléchant, mais cela était-il vrai? Il était évident que Knessir était bien plus qu'un simple charlatan. Beaucoup de choses autour de lui étaient surnaturelles. Il y avait ces ombres qui semblaient l'accompagner parfois. Mais autre chose se dégageait de lui également.

Quand Knessir avança la main, Pargias ne put s'empêcher d'avoir un léger recul devant l'aspect surnaturel du mouvement. Cette réalité qu'était ici la magie était ce qui lui posait le plus de difficulté. Il était extrêmement frustré par son incapacité à maîtriser ces flux qu'il voyait pourtant sans difficulté. Il se demandait de plus en plus souvent si son maître ne l'avait pas conçu de façon à ce qu'il ne puisse pas utiliser la magie, lui mentant en lui faisant croire qu'il aurait le choix.

"Un voyage ?" dit-il d'un ton légèrement pensif. "Cela ne me fait pas peur." Il ne répondait pas exactement à la question, tout en disant quelque chose qui pouvait passer pour une réponse. Cela lui laissait encore la possibilité d'orienter ses pensées comme il le voulait.

Il joignit ses mains, changea à nouveau de position pour s'avancer un peu.

"Quel voyage me proposes-tu ?" Et surtout, qu'est-ce qu'un voyage avait à voir avec les questions qu'il se posait, pensa-t-il. Néanmoins, il préférait progresser pas à pas. Il ne ressentait aucune urgence. Il avait toute la nuit pour parler.

**knessir**

Knessir fixa Pargias, il le voyait à présent, plus détendu, plus relâché, en bref, il le voyait plus à sa portée. Il dominait le dialogue. Comme il appréciait mener une discution.

-"C'est moi qui mène la barque" Pensa-t-il jubilant. "Comment pourrait-il refuser une telle promesse, je lui donne ce qu'il veut."

Il se leva subitement, empoigna le poignet de Pargias et le regarda droit dans les yeux, comme il l'avait fait récemment à l'ambassade humaine lorsque Pargias voulait rejoindre les humains. D'une pression, comme mécanique, il serra le poignet plus fort, permettant au sortilège d'atteindre son invité.

-"Voilà," dit-il avec satisfaction "tu es marqué par la Main Noire, le tatouage apparaitra bientôt sur ta main aussi, très bientôt tu appelleras Sythis maitre."

Knessir tenait toujours le poignet de Pargias, le serrant toujours plus fort, au point de couper toute circulation dans le membre.

-"Te voici au début de ton initiation au culte de Sythis, le début de ton voyage en somme..."

Enfin, il lâcha le poignet, permettant à Pargias de se rendre compte de la tâche qui commençait déjà à apparaitre. Knessir s'installa plus confortablement, singeant Pargias quelques minutes auparavant puis dit :

-"Mais, je t'ai promis des réponses, je t'en prie, pose moi les questions que tu désires..."
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**Pargias**

Pargias fut surpris par l'attaque de Knessir, car il ne pouvait considérer cela comme autre chose qu'une attaque. Pourtant, il fut incapable de réagir. La pression était trop forte, il se sentait comme paralysé. Même son esprit ne parvenait pas à fonctionner. Il ne pouvait que constater ce qui lui arrivait comme s'il était extérieur à son propre corps.

Lorsque le forgeron le relâcha, c'est à peine si les choses changèrent. Il avait l'impression de ne plus s'appartenir. Il resta à regarder cette tâche qui devenait de plus en plus nette, entendant vaguement les paroles de Knessir. La tâche devenait de plus en plus nette, mais ne devint jamais totalement nette, comme si la progression était incomplète. Le sortilège était-il totalement accompli, ou attendait-il un choix final de la part de Pargias. Ce dernier ne le savait pas, mais son esprit s'éclaircit d'un coup.

Pendant un instant, il fut sur le point de se jeter sur son interlocuteur, et ce ne fut qu'avec une grande difficulté qu'il se maîtrisa. Il avait conscience que cela ne servirait à rien. Pas encore en tout cas. Il ferma les yeux et chercha à se souvenir des derniers mots prononcés par Knessir. Il avait parlé presque comme si rien ne s'était passé.

"Je crois avoir déjà la réponse à ma première question," dit Pargias lentement, presque cherchant ses mots. "Je voulais savoir ce qu'allait me coûter ces réponses."

"Qui est Sythis?" demanda-t-il après quelques instants, en jouant nerveusement avec ses griffes. Il était venu sans arme pour ne pas sembler menaçant, et parce qu'il n'avait aucunement besoin de porter des armes pour se défendre, ce que beaucoup d'humain ne réalisaient pas quand ils voyaient Pargias comme étant l'un d'entre eux. Il avait renforcé cela en n'utilisant jamais ses griffes pour se battre en présence d'autres humains depuis qu'il les avait rejoints. Il ne voulait pas qu'on pense trop à lui comme quelqu'un de différent.

Comme d'habitude, Pargias classait ses questions par priorité. Et même si la question qu'il se posait depuis longtemps lui semblait importante, c'était une question qui ne représentait aucune urgence.

**knessir**

Knessir était subjugué. Après avoir jouer un sale coup à son jeune visiteur, il s'attendait tout simplement à une réaction agressive, surtout lorsqu'il le toisa de son air supérieur, confortablement installé dans son fauteuil copieusement rembourré de plumes...

Peu de personnes avaient réagit aussi raisonnablement, d'habitude, lorsqu'ils sont marqué par la Main Noire de Sythis, les gens deviennent agressifs, se demandant souvent ce qu'ils leur arrive, parfois, ils deviennent fous, sinon, ils attaquent sans merci celui qui lui a posé le tatouage noir...

Gardant son calme, cachant sa stupéfaction, se redressant dans son fauteuil, Knessir se décida à répondre à la question :

-"Sythis..." Il dit cela avec un délectation perceptible.

-"Sythis, est le dieu des dieux, le premier à avoir apporté une paix durable dans un plan. Il est le maitre incontesté des puissances inférieures. Il n'est pas mauvais, comme beaucoup semblent le penser, il est tout simplement fort et insurmontable, représenté par différentes entités, comme l'association de plusieurs consciences. Bien entendu, il est imprévisible et comme tout dieu, il aime être honoré ; que ce soit par des sacrifices ou des offrandes. Lorsqu'il est satisfait, il nous fait parvenir un don, de l'argent ou un cadeau, parfois, le plus beau de tous, à savoir, devenir une entité nous-même visant à appartenir à cette ensemble devenant nous-même une partie de Sythis.

Lorsqu'il nous marque ou demande que cela soit fait, un tatouage apparait, généralement sur la main gauche, quelques fois, il peut-être dissimuler, car, Sythis est aussi le dieu des ombres, il accepte aussi les voleurs et assassins dans son culte, mais cela représente un immense honneur, rien n'est comparable à la marque noir lorsque l'on est membre, d'ailleurs, être marqué signifie être pour Sythis, dans le cas contraire, la marque reste, mais cette fois-ci, elle signifie, la mort.

On dit que s'opposer à la grande puissance de Sythis est comparable à empêcher le soleil de se lever ou la lune d'apparaitre le soir. Les dieux de nos jours ne sont aujourd'hui que de pâles avatars comparé à la puissance éternelle de Sythis."

Knessir inspira profondément après sa récitation, fier de lui, comme un enfant à qui on venait de donner un bon point, il se servit un nouveau verre d'hypocras. Le posant délicatement sur la table de chevet, il dit :

-"Tu es certain que tu ne veux rien, je n'aime pas boire seul..."

Il fit un fin sourire, regardant Pargias avec affection.

-"Ai-je répondu à ta question ? Tu en as d'autres ?"
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**Pargias**

Knessir fut presque transfiguré lors de sa réponse. Il montrait une sorte de satisfaction et de plaisir à parler de son maître. Pendant un instant, il sembla à Pargias voir un homme heureux, tel qu'il aurait pu être sans ces ombres qui l'environnaient sans cesse.

"Et moi-même, je n'aime pas boire," répondit-il à la première question. Cela lui donnait un certain avantage. Son interlocuteur se sentant un peu mal à l'aise, il aurait plus de chance de commettre des erreurs, peut-être d'en dire plus qu'il ne le voudrait, ce qui pourrait aider Pargias à faire son choix. Il ne savait pas encore si la réponse qu'avait donné le forgeron à propos de Sythis était honnête ou récitée.

Il regarda à nouveau la marque sur son poignet, qui semblait palpiter sous sa fourrure, se démarquant des zébrures noires naturelles. Il ressentait lui-même un certain malaise à l'idée que cette marque n'allait pas disparaître, d'autant que lui qui allait sans habit ne pourrait facilement la dissimuler s'il le voulait.

Il réfléchit à sa question suivante. Allait-il poser immédiatement la question qui lui tenait le plus à cœur ? Allait-il essayer de piéger Knessir en posant une question évidente et pour laquelle la réponse risquait d'être plus difficile à trouver.

"Tu as dis que tu savais ce que je recherchais. Quelle est cette chose que je recherche d'après toi ?" Cette façon détournée de poser la question lui était venue presque sans qu'il y réfléchisse, comme s'il n'était pas encore tout à fait prêt à poser la question directement. En tout cas, la question qu'il venait de poser impliquait qu'il hésitait encore à connaître la réponse.

**knessir**

L'euphorie ne dura que quelques secondes, retombant de son piédestal aussi vite qu'il n'était monté dessus, Knessir comprit que Pargias était retombé sur ses pattes.

-"Quel sagesse dans un si jeune être" se dit l'humain.

Ecoutant la dernière question de son invité, réfléchissant l'espace de quelques secondes, profitant de ces quelques secondes de répit, il sortit du tiroir une épaisse feuille de tabac ainsi qu'une pipe en écume jaunie par la fumée... Il se dit que la question piège de Pargias ne pouvait pas être si difficile à répondre, mais que toutefois, la manière dont elle était tournée méritait qu'il s'inquiète pour sa réponse, il dit néanmoins :

-"Ce que tu recherches ; mais ta place bien évidement, je suis convaincu que tu te demandes pourquoi ton "maitre" t'a envoyé sur ce monde, donc ton objectif final est d'en apprendre plus sur lui, peut-être afin de guider ta propre voix et peut-être suivre un chemin différent, t'évitant peut-être de faire les erreurs qu'il a fait jadis.

Car, si tu veux tout savoir, je vais devancer ta prochaine question, avant même que tu ne la poses : oui, j'ai connu ton maitre et je peux te dévoiler qui il est, mais la question que moi je te poser, c'est : Es-tu prêt à savoir qui il était ?"

Il but à nouveau une gorgée, cherchant nerveusement dans sa poche afin de trouver son briquet amadou...
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**Pargias**

Effectivement, Knessir semblait en savoir beaucoup. Pour autant, si ce que Pargias avait vaguement entendu du culte de Sythis était vrai, il avait des adeptes un peu partout et pouvait tout à fait avoir déduit cela des questions qu'il avait posé lors de ses errances. Donc il ne savait pas encore si la réponse qui serait donnée correspondrait à la réalité, où à une réalité que Knessir tenterait de créer pour accentuer son emprise.

Il décida donc de changer une fois de plus l'orientation de la conversation pour poser la question qui lui était venue à l'esprit plus tôt. Semblant réfléchir à la dernière question de Knessir, il réfléchissait en fait à la question qu'il voulait poser, et à la façon de l'amener. Un peu de flatterie peut-être, étant donné que le forgeron semblait particulièrement attaché à son maître. Oui, cela était certainement la meilleure solution pour tenter de le surprendre, pour pouvoir observer sa réaction lorsque la question viendrait.

"Je vois que tu en sais effectivement beaucoup," dit-il avec son premier sourire. "Peut-être as-tu vraiment cette réponse que j'attends."

Il s'enfonça à nouveau dans son siège.

"Je suppose que Sythis t'inspire, qu'il te donne les réponses. Je dois reconnaître sa puissance et son savoir. Sans doute serait-il intéressant de me joindre à une telle puissance, à une telle force. Qui pourrait lui résister et effacer son influence ?" dit Pargias, semblant se parler à lui-même, comme s'il achevait de se convaincre. "Cela me laisse entrevoir qu'il pourrait peut-être ramener cette paix qu'il avait un temps établie."

Il s'avança à nouveau vers Knessir, ayant fini de se parler, il s'apprêtait maintenant à poser la question.

"S'il est si puissant, si irrésistible, insurmontable," ajouta-t-il en reprenant le terme de Knessir, "qui l'a vaincu pour réduire à néant cette paix qu'il avait autrefois établie ?" demanda-t-il en pesant sur chaque mot. Certainement, ce n'était pas la question à laquelle s'attendrait Knessir.

**knessir**

Durant le début de cette suite d'entretien, Knessir avait vécu dans un véritable confort, certain qu'il avait raison sur tous les sujets, il avait profité avec audace et arrogance de la situation.

Jusqu'à cette dernière question...

Il posa son verre et s'abstint d'allumer sa pipe qu'il remit dans sa poche, avant même d'avoir trouvé son briquet. Il se leva et fit quelques pas dans la pièce, feignant de chercher un objet dans une armoire un rien plus loin.

Nerveusement, il ouvrit les portes, mais bien entendu, ne semblait pas trouver ce qu'il cherchait étant donné qu'en ce moment, il tentait surtout de trouver du temps de réflexion. Il se releva, une grande assiette en porcelaine ouvragée en main.

-"Au fait, je ne t'ai pas demandé si tu avais faim, je ne suis pas un hôte admirable, désolé."

Il se dirigeait à présent vers son petit buffet, d'où il sorti un impressionnant jambon rôti, s'emparant d'un grand couteau, il se coupa trois grandes tranches, avant de venir à nouveau se réinstaller dans son fauteuil, l'air ragaillardit.

-"Pardonne moi, mais je ne me rappelle plus de ta question, que voulais-tu savoir ?"
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**Pargias**

Pargias avait espéré surprendre Knessir, mais il ne s'était pas attendu à une réaction aussi forte. L'homme avait semblé relativement maître de lui-même jusqu'ici, et Pargias pensait plutôt qu'il aurait une réponse détournée, ou une nouvelle question. Pendant que Knessir réfléchissait une réponse, Pargias se demandait s'il cherchait un mensonge, ou à savoir s'il allait dire la vérité ou pas.

Pendant ce temps, il songeait à la suite; quelle question poser une fois qu'il aurait la réponse. Après tout, il n'avait pas la prétention d'abattre le mouvement de Sythis, qui ne le gênait pas spécialement. Puis, voyant à nouveau la marque sur son poignet, il se posa la question. S'il refusait d'en faire partie, il y avait fort à parier qu'il aurait désormais les membres de ce culte sur le dos. Pendant un instant à nouveau il se sentit mal. Heureusement, les errements de Knessir lui laissèrent le temps de se reprendre, satisfait que l'homme lui tourne le dos. Après tout, il lui restait toujours la possibilité de rejoindre le culte lui-même.

"Non merci," répondit-il quand Knessir lui proposa à manger.

Pendant que son interlocuteur allait se servir, Pargias cherchait en lui-même ce qu'il désirait vraiment, et avait bien du mal à parvenir à une conclusion. Il avait bien compris que Knessir cherchait à gagner du temps, mais il fut surpris lorsqu'il dit avoir oublié la question. Cela pouvait-il être vrai ? Avait-il passé tout ce temps à tenter d'oublier une question qui le perturbait ou avait-il cherché une réponse sans en trouver au point de feindre l'oubli ?

Il paraissait plus serein. Cela signifiait soit qu'il avait véritablement oublié ce qui le gênait, soit qu'il avait trouvé une réponse. Mais dans le second cas, pourquoi alors feindre d'avoir oublié la question ? Qu'à cela ne tienne, Pargias posa quand même la question qu'il avait prévue. Il pourrait peut-être avoir sa réponse plus tard, d'une façon détournée et moins choquante pour Knessir que la vérité aussi crue d'un échec de son Maître.

"Je voulais savoir quel est le but de Sythis ? Veut-il à nouveau établir cette paix qu'il avait établie par le passé ? Comment compte-t-il s'y prendre ?"

**knessir**

Durant ce peu temps de répit, Knessir avait réfléchit. Mais répondre à une question lorsque l'on connait la réponse est particulièrement délicat... A vrai dire, c'est tellement simple quelques fois que rien ne vient naturellement.

Et jouer avec les nerfs de son invité sans réel succès ne l'avait pas aidé à grand chose...

Mais, à présent, une nouvelle question résumant la dernière, confortablement assis et quelque peu vulnérable bien que d'apparence sereine, il lui fallait donner la réponse qu'il craignait tant. Pargias avait mit le doigt sur le sujet que Knessir aimait le moins : la disparition de son dieu...

-"Bien Pargias," dit-il avec calme "Je vais donc donner la réponse sur ce qui te tracasse tant à priori."

Il ferma le livre, un triste visage marqué par des larmes au bord des yeux, montrant clairement à quel point l'épreuve avait été difficile...

Il prit un air de vieillard semblant conter une histoire à une bande de jeunes enfants avides de contes de chevaliers terrassant les dragons.

-"Je dois d'abord te dire que mon dieu est véritablement le plus sage et le plus juste parmi ceux qui foulent ce monde. Il y en a qui n'ose même pas murmurer son nom, tout simplement parce qu'ils l'ont oublier ou parce qu'ils ont préféré le faire.

Lorsque Sythis, dieu des dieux, seigneurs des ombres a disparu, il a été vaincu par excès de confiance, par rien d'autre, mais laisse moi te lire un livre qui est aussi important pour moi qu'une bible pour des moines et d'autres prêtres."

Knessir saisit un livre près de sa table de chevet, à proximité de son lit, il s'éclaircit la voix et débuta la lecture :

-"Ceci est un extrait du seul et unique exemplaire des "Légendes de Sythis" que Hans Arkhador a découvert pour moi à Yaeth.

...Par la suite, ils montèrent différentes expéditions, en vue d'assassiner différents princes et guerriers, au fur et à mesure la main noire gagna plus d'adeptes,...

...Toutes les nuits des furies faisaient des sacrifices au dieu de La Main Noire ; dans un rituels frénétique et enivrant, elle sacrifiait, dansant langoureusement sur des airs psychédéliques, tout prisonniers et membres non repris par la Confrérie.

malheureusement, il arriva un jour ou la concurrence de poste devint trop grandes, des factions se créèrent dans la main noire, ce fut le commencement de la fin...

les différents leaders s'entretuèrent lors d'un "défi du sang", le but étant de se trancher les poignets et de laisser couler son propre sang sur l'autel de Sythis, prouvant son indéfectible loyauté, le dernier restant serait celui à avoir le droit de représenter dignement le seigneur Sythis... mais pour les quatre doigts uniquement, l'écoutant restant discret sur le problème.

Il n'y eu aucun survivants, ils se sacrifièrent tout les quatre. Les différents membres se séparèrent, certains abandonnant la Confrérie pour retourner chez les humains, retourner dans une vie paisible, d'autres ne quittèrent pas totalement le fondement démoniaque de la Main Noire et beaucoup partirent vivre dans une grande Montagne, on les appelles communément Béonides, il parait que certains adeptes vivraient dans une forêt et qu'ils se seraient accouplé avec des chevaux, ils porteraient le nom de centaure.

Le dernier doigt, l'écoutant, qui était survivant, commença doucement à ne plus entendre la voix de Sythis... Il avait montré sa lâcheté, il n'avait pas osé participer au duel... il continua à dire ce que lui pensait aux vrais adeptes de Sythis, les forçant à faire ce que lui voulait et non notre bien aimé dieu...

Il est finalement devenu une divinité pour certains démons, stupides assez pour croire à ses interprétations plus que légères...

Le nom de cet infidèle : Diablo..."
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**Pargias**

Pargias songea à ce qu'il venait d'entendre. L'explication paraissait plausible, mais ne disait pas tout. Mais il ne s'attendait pas à connaître la totalité d'une réponse qui pourrait sans doute prendre plusieurs heures, voire plusieurs jours, à détailler.

Comme toute religion, les interprétations pouvaient être multiples, d'autant plus qu'elles s'adressaient à des êtres dont on savait en général peu de choses. Néanmoins, peut-être sans le réaliser, Knessir avait confirmé également certaines des craintes de Pargias. Il avait souligné le côté très démoniaque de ce culte. Cela était-il de nature à l'inquiéter ? Pas vraiment. Il n'était pas encore sur ce monde depuis suffisamment longtemps pour se sentir véritablement lié à un mode de pensée ou à un culte particulier.

Il restait une chose qu'il avait peur de perdre s'il se laissait subjuguer, sa liberté. Il avait vu dans les réactions de Knessir celles d'un être asservi par son maître. Des mots prononcés plus tôt par Knessir lui revenaient à l'esprit. Il avait affirmé qu'il appellerait bientôt Sythis "Maître". Cela lui fit penser à son premier maître. Il n'y avait quasiment aucun point commun entre les deux. Son premier maître avait été là pour lui enseigner, tout en lui laissant toute liberté de choix et d'action. Ce nouveau maître semblait plutôt intéressé par la réduction ses disciples en esclavage.

Cette différence créait un conflit en lui. Il n'avait pas envie de remplacer un maître qu'il avait malgré tout estimé par un autre qu'il savait ne pas pouvoir apprécier. Ce sortilège que lui avait lancé Knessir réduisait ses choix. Cette marque allait l'obliger à devenir lui-même serviteur ou cible. Il avait beau voir avec une grande clarté les courants magiques, il était incapable de s'en servir, et donc probablement incapable de leur résister s'il se laissait entraîner dans cette folie que semblait parfois être ce culte.

Il n'était pas encore prêt à prendre sa décision. Il sentait sa nervosité augmenter. Il se savait déjà prisonnier de cette marque, même s'il ne savait pas encore de quelle prison il allait s'agir. Il se remit à jouer avec ses griffes, laissant des marques sur les accoudoirs de son siège.

"Tu as finalement répondu à ma question précédente, mais pas à la dernière. Sythis veut-il à nouveau établir cette paix qui lui a finalement coûté sa domination, ou a-t-il cette fois un objectif différent ?"

**knessir**

Malgré ses yeux humides, à la réaction de Pargias, il ne put cacher un fin sourire. Il suffisait de voir l'état du fauteuil qu'il appréciait tant ; les accoudoirs griffés, les tissus finement brodé sur le bois déchiré, les quelques morceaux de bronze presque disparu, collé sur les ongles de Pargias...

Bien qu' étant très peu matérialiste, il suffisait de voir ses appartements et le peu de mobilier qu'il avait pour s'en rendre compte, Knessir ne pouvait que regretter l'état de son siège, toutefois, voir Pargias dans cet état le réjouissait :

-"Il est inquiet, dans le doute, justement ce que je cherchais." se dit-il.

Knessir sécha ses yeux d'un revers de sa manche, les yeux rougit par le chagrin, il fixa une nouvelle fois son invité de son regard hypnotique, tentant à nouveau de percevoir le moindre sentiment, la moindre pensée... Mais il ne parvenait à rien...

-"On dirait qu'il est comme protégé, un voile magique ou une autre sorcellerie..." pensa-t-il.

Il encaissa la nouvelle question pleine de doutes de Pargias comme un coup de poignard en plein coeur, à nouveau la méfiance revenait chez le visiteur, toutefois, si elle avait déjà disparu...

Il répondit, sans la moindre hésitation :

-"Ce que Sythis cherche mon jeune ami... Rien de plus simple, une paix longue et durable, durant de nombreuses années, des siècles même, le dieu des dieux n'a qu'un seul objectif : Amener la paix, mais cette fois, il procèdera d'une autre façon, il noiera le monde, obligeant les infidèles à se noyer, les survivants seront exécutés, vidé de leur sang par ses fidèles qui se baignerons dans le liquide carmin et offrirons les restes des dépouilles à Sythis en sacrifice.

Bien entendu, les survivants seront triés, les croyants, les dévoués à son ordre auront des postes à lourdes responsabilités, ils seront jugés, responsabilisés, certains seront les avatars du dieu des dieux dans d'autres plans, ou ils apporteront la paix dans ceux-ci, pour finalement avoir un monde de paix, ou Sythis sera le seul et unique véritable dieu !"

Il s'était levé durant son explication, fixant théâtralement le ciel et levant les bras, les mains ouvertes en signe d'offrande. Puis, il regarda à nouveau le visage de Pargias, attendant une réaction...
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Ecoutant de la Confrérie noire
Fidèle croyant de Sythis
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Exécuteur d'infidèles

**Pargias**

Pendant la diatribe de Knessir, Pargias ne put totalement retenir un grognement, dernier écho d'un rire nerveux réprimé. L'objectif proposé ressemblait finalement à celui que la plupart des peuples visaient, la victoire totale dans cette guerre sans fin, réduisant toute opposition adverse. Certes, les moyens et la forme finale de la victoire recherchée variaient, mais au bout du compte, cela revenait quasiment au même. Il n'y avait qu'à choisir son camp selon ses préférences, puis ne restait qu'à entreprendre la destruction de tous ceux qui s'y opposaient.

L'objectif et les moyens d'y parvenir de Sythis se rapprochaient énormément de ceux des démons, ce qui n'était pas surprenant si Diablo en était une émanation. Mais cela ne faisait guère de différence dans l'esprit du jeune guerrier. Pour l'instant, son attachement était essentiellement envers ceux qui pourraient continuer de l'aider à progresser. Le humains avaient semblé un bon choix, mais Sythis était un choix tout aussi valable. Dans l'immédiat tout au moins. Le seul risque était qu'il n'était pas sûr de pouvoir se défaire de l'emprise de Sythis s'il le désirait un jour.

Pourtant, plus il y pensait, plus il en était certain. Même si son esprit rationnel savait qu'il avait bien peu de chance de pouvoir échapper à une telle emprise, une conviction profonde, encrée en lui, lui donnait la certitude qu'il le pourrait, s'il le désirait vraiment. Il ne savait pas d'où cette certitude lui venait. Cela lui rappelait le jour où il avait décidé de quitter son maître en lui demandant de l'envoyer sur ce monde. C'était presque comme un conflit contre lui-même. Une lutte de deux volontés à l'intérieur d'un seul corps.

L'image suivante qui surgit dans son esprit fut celle du corps de cette créature qu'il avait massacré lors du dernier combat qu'il avait livré sur le monde de son maître. Peut-être cette vision sanglante était-elle appelée par les propos de Knessir, emplis de promesses de sang et de massacres. Pargias savait qu'il avait en lui ce qu'il fallait pour se livrer à de telles actions. Mais était-il prêt à lâcher à nouveau cette bête qu'il dissimulait en son sein.

Soudain, il sursauta. Il ne savait pas combien de temps il était resté ainsi, enfermé en lui-même, ressassant ces images passées, cherchant des réponses. Il avait besoin d'encore un peu plus de temps.

"Tu dis avoir connu mon maître. Comment était-il ?" L'identité importait-elle vraiment ? Il lui faudrait la connaître s'il voulait poser la question à d'autres personnes. Mais avant, il voulait savoir comment son maître avait été avant de quitter ce monde, vu par quelqu'un d'autre.

**knessir**

Il hésitait, L'air dubitatif de Pargias ne trompait pas, en un sens, Knessir avait accomplit son objectif. Plus que le doute, c'était l'hésitation qui frappait à la porte de Pargias...

Puis, une nouvelle question, celle-là, plus une demande d'aide qu'une réponse à un doute. cette fois, la réponse était plus sentimentale, comme un enfant recherchant un père disparu depuis longtemps. Malgré la situation, c'était touchant...

Knessir répondit évasivement, désirant simplement mettre son invité sur la piste, tout en avouant qu'il en savait plus qu'il ne semblait vouloir le dire.

-"J'ai connu ton maitre, j'ai même combattu à ses côtés si tu veux tout savoir mon ami. A l'époque, je n'étais qu'un jeune homme avide d'aventure, vénérant un pseudo dieu du nom de Garyth, je suppose que tu en as entendu parler."

Il se remit plus confortablement dans son siège, ses jambes croisées, finissant son verre déjà bien entamé.

-"Ton maitre, une personne bien solitaire, oui. Une sorte de légende pour les jeunes enfants. Il ne donnait son avis que lorsque c'était nécessaire et crois moi, vu la grande sagesse de certains ou j'habitais à l'époque, c'était assez rare qu'il doive intervenir, néanmoins, à chaque fois qu'il le faisait, c'était toujours avec un grand respect que nous l'écoutions, car, étant un ancien, nous nous devions de l'écouter attentivement, c'était encré dans nos meurs..."

Knessir fixa le sol, un léger sourire sur les lèvres, il semblait perdu dans ses pensées, comme si il se souvenait avec nostalgie de cette époque. Puis, il fixa Pargias dans les yeux, un regard soutenu, presque pénétrant.

-"Je dois t'avouer que j'ai eu énormément de peine lorsqu'il nous a quitté, mais ainsi va la vie, je suis certain que si il avait été membre de la Confrérie, il serait actuellement au côté de Sythis, une place qui lui reviendrait de droit...

Est-ce-que mes réponses ont quelque peu éclairer ta lanterne ? Si tu veux savoir autre chose, tu n'as qu'à demander..."
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Ecoutant de la Confrérie noire
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**Pargias**

Une partie de ce que Knessir avait dit semblait correcte, mais la dernière partie le gêna. Dire que son maître aurait fait partie de la confrérie s'il avait encore été là semblait une vulgaire manœuvre pour tenter de convaincre Pargias d'en faire partie lui-même. Il sentit la colère monter en lui devant des propos qui semblaient méprisants tellement ils faisaient fi de l'intelligence du jeune guerrier.

Pourtant, alors qu'il cherchait une réponse cinglante, les propos lui revinrent à l'esprit et il comprit ce que Knessir avait voulu dire. Il n'avait pas affirmé que son maître aurait choisi la Confrérie, mais que s'il en avait fait partie, alors il aurait eu une belle place. Mais aurait-il voulu en faire partie, cela était une autre question. Pargias se sentit un peu honteux d'avoir mal compris dans un premier temps.

Se posait donc à nouveau la question de son adhésion à cette religion. En y pensant, il eut l'impression d'entendre pendant un instant une voix crier "NON" dans son esprit, pour se taire immédiatement, avec la certitude qu'au contraire, il fallait qu'il s'engage sur cette voie. Il n'arrivait pas à comprendre ce qui venait de se passer dans son esprit.

"Pourquoi tiens-tu à m'avoir dans cette Confrérie ?" demanda-t-il presque soudainement. Ses propres motivations n'étaient pas claires. Peut-être que connaître celles de Knessir pourrait l'aider à comprendre ce qui se passait en lui.

**knessir**

Cette question, approchant de l'instant inéluctable ou Pargias devrait faire un choix, était peut-être la plus personnelle que Knessir avait entendu depuis le début de cet entretien. Pargias demandait plus q'un avis ou une simple réponse, ce qu'il voulait à présent c'était sans doute un sentiment.

Malheureusement, depuis que Knessir avait rejoins la Confrérie noire et surtout depuis qu'il en avait été nommé "guide" ou "Ecoutant", il avait perdu toute notion du moindre état d'esprit affectueux sans qu'il n'ait un rapport direct avec son dieu...

Il désira néanmoins se prononcer, fixant honnêtement Pargias, il dit :

-"La raison est simple Pargias, j'aime ce que tu es train d'essayer de faire ; retrouver la voix de ton maitre, en apprendre plus sur lui, c'est très intéressant, je suis captivé par ton histoire et je désire t'aider. De plus, tu me rappelles beaucoup ce que j'étais il y a quelques temps, moi aussi, il fut un temps ou cherchant le maximums d'informations, je tentais d'en savoir plus sur les gens et leurs habitudes, ce qui les rendaient fort et ce qu'ils craignaient.

Je vois ton visage soupçonneux et interrogatif, je pense connaitre le doute qui t'habites, je suis quelqu'un d'étrange et je te comprends, c'est parce que je souhaite que tu sois sauvé lors du Grand chaos que je t'ai demandé de venir ce soir, afin que nous échangions quelques mots, rien que nous deux, personnes pour nous observer, juste toi et moi...

Knessir se leva, tournant comme un animal dans une cage, puis, enfin, il se tourna vers Pargias :

-"Alors, mes réponses te sont-elles satisfaisantes ? Je dois bien t'avouer que cela faisait très longtemps que je n'avais pas discuté aussi honnêtement avec quelqu'un de "l'extérieur"... Je peux aussi te dire que si je devais dire tout ce que je sais sur ton maitre, j'en aurais pour plusieurs jours, mais cela ne nous empêche pas de nous éterniser dessus, car, comme je te l'ai déjà dit ; j'aime ta compagnie."
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**Pargias**

La dernière remarque aurait presque pu prêter à sourire si l'atmosphère n'avait pas été aussi tendue, sans doute en partie justement à cause de cela. La conversation avait probablement été difficile pour les deux, chacun cherchant des façons de percer l'armure de son interlocuteur pour en savoir plus, pour convaincre, pour déstabiliser. Il semblait ironique d'entendre Knessir dire qu'il avait apprécié cela.

Pargias lui, n'avait pas apprécié ce moment. Certes, il avait eu un certain nombre de réponses et une bonne partie de sa curiosité avait été satisfaite. Mais au bout du compte la tension n'avait rien à voir avec celle qu'il appréciait lors d'un véritable combat. Cette joute à quelques pas de distance, quasiment sans contact hormis le sortilège initial, était quelque chose qu'il n'aimait pas.

Cela ressemblait aux conversations qu'il avait eues avec son maître, lui posant des questions pour avoir des réponses, essayant sans toujours y parvenir à trouver des failles dans les raisonnements. Les différences étaient pourtant nombreuses. Son maître avait montré plus de réticences à répondre à certaines questions que Knessir n'avait semblé le faire. Mais Knessir voulait également convaincre Pargias de le suivre, ce qui n'était guère un objectif de son maître. Peut-être ce manque de pression lui avait rendu ces dialogues passés plus faciles que celui d'aujourd'hui.

"Quelle sera ma place si je vous rejoins ? Serai-je simplement un homme de main de plus ?" demanda-t-il. "Serai-je là uniquement pour punir ceux qui ne font pas partie de la Confrérie et adorent d'autres dieux ?"

En tant que simple guerrier, il ne voyait pas trop ce qu'il pourrait faire d'autre, mais il n'avait guère envie de se soumettre à une forme d'esclavagisme pour n'en rien retirer.

**knessir**

Knessir rit de bon coeur, la bouche déployée, bruyamment. Une curieuse réaction pour quelqu'un qui était pourtant resté assez discret depuis le début de la conversation...

Il regarda Pargias, les yeux humides, mais cette fois, ce n'était plus des larmes de tristesse, c'était de la joie, amusé, Knessir souffla un grand coup avant de dire :

-"Tu as vraiment énormément de choses à apprendre Pargias, on dirait que tu ne comprends pas, ce que tu appelles esclavagisme ou servitude, j'appelle cela respect et dévotion.

Vois-tu, je considère mes tâches de tous les jours comme un plaisir, j'aime communiquer avec mon dieu, l'aider, le servir, faire tout ce qui est nécessaire pour qu'il soit fier de moi. Certes, je suis le meneur de cette Confrérie, c'est la vérité, mais avant tout, ce que je désire, c'est ma satisfaction, ma dévotion et ma servitude si tu préfères, c'est pour moi un honneur de servir le dieu des dieux.

Tu pourrais comprendre ce que cela signifie d'être choisis par quelqu'un d'aussi puissant ? Ne te rends-tu pas compte de l'immense chance que tu as d'être l'un des élus de Sythis ?"

Knessir mit le capuchon de sa robe en arrière, afin, d'enfin, laisser voir son visage en entier. Il expira lourdement pour enfin dire :

-"je reviens sur ta question et t'avoue mon ami, que oui, tu auras un rôle important, non, tu ne seras pas ce que tu décris comme être : Un simple homme de main, tu seras une partie entière de la Confrérie, la suite, ce sera à toi de la faire, si tu désires monter les échelons, ce sera via tes pensées, tes idées et tes faits d'armes, mais cela tu comprendras que ça dépendra de toi, point de moi..."
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Exécuteur d'infidèles

**Pargias**

"Soit, pourquoi pas," dit-il, ayant pris sa décision. Etrangement, ce n'étaient pas les mots de Knessir qui avaient achevé de le convaincre, mais le fait qu'il ne ressentait dans son esprit plus aucune résistance. Cela venait-il de la marque apposé par Knessir, comme un sortilège qui avait petit à petit affaiblie sa volonté, ou cela venait-il d'ailleurs, il ne le savait pas.

Il ne ressentit aucun soulagement particulier dans le fait d'avoir finalement choisi sa voie. Ce n'était qu'un nouveau chemin qui s'ouvrait, et il lui faudrait attendre de l'avoir entamé. Ces derniers temps il avait passé trop de temps à réfléchir au lieu de parcourir le monde, à livrer combat sur combat. Peut-être venait-il de prendre une décision qui allait lui permettre de devenir actif à nouveau.

"Je vais joindre ta Confrérie et voir ce que je peux y faire, ce qu'elle a à m'offrir," ajouta-t-il. La notion de dieu lui était tellement étrangère qu'il n'était pas persuadé de pouvoir ressentir un jour de que Knessir ressentait. A moins que le forgeron ne se trompe, volontairement ou non, pour chercher à convaincre Pargias de franchir le pas. Dans ce cas, l'influence même du dieu ou la magie de ses disciple pourrait réussir à corrompre son esprit de façon plus complète et définitive.

"Que dois-je faire pour cela ?"